Le Géant égoïste

Le Géant égoïste
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Géant égoïste (Le)
Selfish Giant (The)
Royaume-Uni, 2013
De Clio Barnard
Scénario : Clio Barnard
Durée : 1h33
Sortie : 18/12/2013
Note FilmDeCulte : **----
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En marge et exclus de l’école, Arbor, 13 ans, et Swifty, son meilleur ami, font la rencontre de Kitten, un ferrailleur. A l’aide d’une charrette et d’un cheval, les deux adolescents commencent à collecter du métal pour le compte de ce dernier. Swifty est à l’aise avec les chevaux, Arbor, lui, semble plus soucieux d’impressionner Kitten et de gagner de l’argent. Aussi lorsque Kitten commence à favoriser Swifty, Arbor se sent blessé, exclu et la situation entre les deux amis se détériore. Arbor devient alors de plus en plus gourmand cherchant sans cesse à tirer plus de profit, accroissant ainsi la tension entre eux jusqu'à provoquer un événement tragique qui les transformera tous.

SENTIERS BATTUS

La présentation de The Selfish Giant à la Quinzaine des Réalisateurs était précédée d’un certain buzz (voir notre interview d’Edouard Waintrop où celui-ci confirme avoir dû se battre pour ne pas que le film soit sélectionné par l’Officielle). Avons-nous sur ce coup été artisans de notre propre déception en assimilant d’office cette rumeur à une découverte sortant des sentiers battus ? Les sentiers battus, la réalisatrice Clio Barnard (venue du documentaire, c’est ici son premier film de fiction) a effectivement l’air d’adorer ça. Après tout pourquoi pas, personne n’est obligé de vouloir viser l’audace à tout prix et on peut préférer creuser un sillon connu pour y trouver sa voie. The Selfish Giant se situe dans la veine déjà bien cartographiée du film d’enfant social britannique, avec ses tristes maisonnettes en briques délavées par la pluie incessante, ses « fuck fucking fuck you twat » au kilomètre… et surtout un jeune protagoniste débrouillard et attachant sur le papier, mais que personnellement, on aurait pourtant bien placé très haut parmi les plus insupportables de l’histoire du cinéma. Un gamin monstrueux d’arrogance, mélange de Chucky (pour l’hystérie pénible) et Lavinia de Princesse Sarah (pour la suffisance tête-à-claques), le tout dans une improbable version prolo. Sa simple présence peut s’avérer éprouvante, mais la réalisatrice semble malheureusement ne pas en avoir conscience, ou ne pas s’y intéresser, car jamais l’enfant n’est filmé avec autre chose que de la bienveillance.

Au-delà de cet agaçant héros, l’impression de déjà-vu est tellement saisissante qu’on se croirait presque devant French and Saunders singeant du Ken Loach. Pas un cheveu ne vient dépasser de ce cadre certes solide mais tellement rebattu. La formule a fait ses preuves plus d’une fois : l’adversité et l’injustice frappant ces braves gamins laissés pour compte, obligés de faire des choix d’adultes avant l’âge, est évidemment une recette déjà gagnante dans le cœur du public. C’est à la fois le défaut et la qualité du film. Surtout son défaut en fait, tant on ne voit pas le mérite artistique de ce copier-coller de recettes déjà trop servies. Ceux qui aiment savoir où ils mettent les pieds et qui trouvent confort dans un cinéma familier seront probablement satisfaits par le classicisme solide du film. Ceux qui attendent autre chose que ce qu’ils connaissent déjà, ceux qui attendent la moindre touche de présence personnelle de la réalisatrice, devront patienter jusqu’à un dénouement plutôt dénudé et élégant. Pas forcément inédit ni original non plus mais qui au moins a pour mérite de venir faire respirer un film jusqu’ici trop renfermé sur ses propres repères.

par Gregory Coutaut

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