Le Congrès

Le Congrès
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Congrès (Le)
Congress (The)
Israël, 2013
De Ari Folman
Scénario : Ari Folman
Avec : Paul Giamatti, Danny Huston, Harvey Keitel, Robin Wright
Durée : 2h00
Sortie : 03/07/2013
Note FilmDeCulte : *****-
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Robin Wright, qui joue Robin Wright, se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

AVATAR

Verra t-on à Cannes un film plus fou que Le Congrès d'Ari Folman ? Edouard Waintrop, sélectionneur de la Quinzaine (lire notre entretien), nous l'avait décrit comme un long métrage assez monstrueux. Le "assez" paraît superflu face à ce passionnant ovni. Ari Folman s'est essentiellement fait connaître en réalisant Valse avec Bachir, film très personnel explorant son propre passé. Le Congrès, très libre adaptation du Polonais Stanislas Lem, s'évade dans la science-fiction. S'évade t-il vraiment ? Dans Valse avec Bachir, l'animation n'installait pas nécessairement une distance, c'était aussi une façon de rendre compte du réel. La science-fiction comme l'animation dans Le Congrès ont un visage humain et c'est d'ailleurs celui-ci, magnifique, qui ouvre le film: Robin Wright, filmée en gros plan, une larme coulant sur la joue.

Le Congrès est d'abord un conte de cinéma. Robin Wright s'appelle Robin Wright, les discussions autour d'un studio dont le nom est un mix de Miramax et de Paramount rappellent ces années d'un autre Hollywood où les stars appartenaient par contrat à leur maison. Dans un reflet cruel, à peine déformé, on revient sur la carrière décevante de Wright, qui contemple son affiche de Princess Bride. "Tu étais l'avenir", lui lance t-on amèrement. Folman a confié que l'écriture du scénario du Congrès avait coïncidé avec la sortie de Avatar. Du film de Cameron au Tintin de Spielberg, les avatars d'acteurs se sont généralisés à l'écran. Folman décrit la disparition d'une actrice cannibalisée par l'industrie (à 44 ans, elle est un dinosaure) et la disparition de l'acteur, de l'homme, finalement avalés: "on pourra te boire et te manger", promet-on à l'héroïne.

"Au final tout s'explique, et tout se passe dans notre tête". On a vu à Cannes un très grand film sur l'imaginaire avec Real de Kiyoshi Kurosawa, diffusé au Marché du Film. Le Congrès en est un autre, adoptant par la suite des thèmes plus classiques de la science-fiction comme les réalités parallèles ou la dystopie. Les visions hallucinatoires proposées par Le Congrès sont fascinantes. Une explosion de couleurs et formes hétéroclites, de créatures magiques parmi lesquelles se cachent Liz Taylor, Grace Jones ou Frida Kahlo, dans un style renversant. Folman a évoqué l'influence graphique de Max Fleischer, une influence qui crève les yeux et qui donne l'impression que Betty Boop va débarquer dans cette déflagration fluo. Il y a un choc esthétique euphorisant entre ce décor de science-fiction délirant et ces figures rétros aux yeux ronds. Le trip psychédélique se mêle à une saisissante vision mélancolique du réel, de ses paradis artificiels, du saut dans le vide, du moment où l'on ne discerne plus le vrai du faux, l'actrice de son double.

par Nicolas Bardot

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