L'année cinéma 2010 de Gregory Coutaut

L'année cinéma 2010 de Gregory Coutaut

Les héros de 2010 auront eu droit à toute une année de solitude. L’année a commencé avec la révélation de la toute jeune Kim Sae-Ron dans le rôle d'une petite fille solitaire déjà trop vieille pour un monde qui ne veut pas d’elle dans Une vie toute neuve, et s’est récemment terminée par deux modèles plus extrêmes encore d’isolement: littéralement, pour le soldat de Buried, prisonnier de son cercueil et de sa nationalité, et métaphoriquement pour le PDG de Sous toi, la ville, isolé par sa tour de verre et son omnipotence économique. Entre temps, le film le plus débattu de l’année, The Social Network, a fait le portrait d’un adolescent paradoxalement de plus en plus seul à mesure qu’il fait se rassembler le monde entier sur internet. L’isolement et son pendant, la solidarité, auront en effet marqué les grands films de 2010. A l’égarement des voyageurs/explorateurs de l’année, entre flou géographique et instabilité mentale (Le guerrier silencieux, White Material et le plus ancien Cabeza de vaca), répond une solidarité qui n’a rien d’une panacée. Les grands-mères de Lola, les citoyens de City of life and death, l’héroïne d’Année Bissextile… malgré leurs rencontres, peu d’entre eux parviennent en effet à échapper à la fatalité de la misère et la mort autour d’eux. La mort s’est d’ailleurs imposée cette année comme un point pas final du tout, un moment de communion plus ou moins harmonieuse avec les fantômes du passé. De l’extrême solitude du trip final de Enter the void à la recherche jamais terminée des ancêtres dans Nostalgie de la lumière, en passant par la réincarnation sans fin des Quattro volte et surtout par la jungle des origines d’Oncle Boonmee, où ce sont nos vies antérieures qui viennent nous prendre par la main pour nous faire enfin passer du chaos à l’apaisement. C’est sans doute l’idée la plus optimiste de 2010, avec la joyeuse rébellion de Fantastic mister fox, seul véritable modèle de solidarité réussie, qui se termine comme il se doit en chanson, comme un vrai conte de Noel.

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MON TOP

1. City of Life and Death
2. Les Amours imaginaires
3. Enter the Void
4. Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)
5. Fantastic Mr Fox
6. Cabeza de vaca
7. Kaboom
8. Lola
9. Le Guerrier silencieux
10. The social network

MON COUP DE CŒUR: Somewhere over the Rhin

On le sait, cela fait déjà quelques années qu’une nouvelle génération de cinéastes allemands passionnants a émergé, et 2010 nous a donné plus d’une fois l’occasion de confirmer la solide santé de cette nouvelle vague parfois surnommée « Ecole Berlinoise ». Certains cinéastes ayant participé à la découverte de ce vrai/faux mouvement sont revenus cette année, comme par exemple Christoph Hochhäusler avec Sous toi, la ville et Hans-Christian Schmidt avec La Révélation. D’autres auteurs ont attendu cette année pour arriver sur nos écrans, venant élargir la mosaïque de ces films souvent bruts à l'écriture rigoureuse : Le Braqueur, film autrichien de l’Allemand Benjamin Heisenberg, plusieurs fois co-scénariste de Hochhäusler, L’Etranger en moi, d’Emily Atef, enfin sorti après un parcours chaotique, et surtout Everyone else, de Maren Ade. La plupart de ces films sont sortis quasi simultanément en cette fin d’année, venant donner un coup de projecteur aussi involontaire que bienvenu sur cette production qui peine à trouver ses spectateurs en dehors des festivals, mais c’est surtout ce dernier film qui vient lancer de nouvelles pistes pour ces réalisateurs qui ne peuvent pas être restreints à une communauté de cinéastes interchangeables. Là où le film d’Hochhäusler atteint en quelque sorte le point d’orgue de l’écriture allemande froide et précise quand elle s’approche du fantastique, le film de Maren Ade, plus immédiatement terre-à-terre, semble s'émanciper dans une direction inédite, tout en conservant une forte filiation scénaristique. La jeune réalisatrice sera en 2011 la productrice du nouveau long-métrage d'Ulrich Köhler, auteur des très remarqués Bungalow et Montag, une collaboration prometteuse qui rend à la fois impatient et confiant dans le futur proche de ce cinéma-là.

MES ATTENTES

1. Melancholia de Lars Von Trier
2. The Future de Miranda July
3. Promises written in water de Vincent Gallo
4. La Maladie du sommeil d’Ulrich Köhler
5. Captured de Brillante Mendoza

par Gregory Coutaut

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