La Belle et la Bête

La Belle et la Bête
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Belle et la Bête (La)
France, 2014
De Christophe Gans
Scénario : Christophe Gans, Sandra Vo-Anh
Avec : Vincent Cassel, André Dussollier, Eduardo Noriega, Léa Seydoux
Photo : Christophe Beaucarne
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 1h50
Sortie : 12/02/2014
Note FilmDeCulte : **----
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1720. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine de grâce. Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Au château de la Bête, ce n’est pas la mort qui attend Belle, mais une vie étrange, où se mêlent les instants de féerie, d’allégresse et de mélancolie. Chaque soir, à l’heure du dîner, Belle et la Bête se retrouvent. Ils apprennent à se découvrir, à se dompter comme deux étrangers que tout oppose. Alors qu’elle doit repousser ses élans amoureux, Belle tente de percer les mystères de la Bête et de son domaine. Une fois la nuit tombée, des rêves lui révèlent par bribes le passé de la Bête. Une histoire tragique, qui lui apprend que cet être solitaire et féroce fut un jour un Prince majestueux. Armée de son courage, luttant contre tous les dangers, ouvrant son coeur, Belle va parvenir à libérer la Bête de sa malédiction. Et se faisant, découvrir le véritable amour.

LE PACTE DES LOSE

Il est difficile de ne pas admirer l'ambition de Christophe Gans. Jusqu'à présent, ses films ont été imparfaits mais témoignent d'une sincérité et d'une générosité enthousiasmantes. Crying Freeman a des allures de DTV mais reste un bon essai, Le Pacte des loups est jubilatoire dans ses passages nanardesques comme dans ses passages badass, et Silent Hill, bien qu'un peu mou, transpire la classe et s'avère loin d'être creux. Gans propose chaque fois une imagerie assez forte et s'améliorait de film en film. Arrive donc La Belle et la Bête. Après l'avalanche de projets avortés (Nemo, Bob Morane, Rahan, Tarzan, Onimusha, Fantomâs), presque tous plus excitants qu'une nouvelle version d'une histoire qui compte déjà deux films "définitifs", on aimerait ne pas spéculer sur un hypothétique manque d'implication de la part du cinéaste sur ce projet mais on peine à sentir la passion qui habitait ses précédents films. Le principal souci, c'est que le film n'a strictement rien à proposer d'un tant soit peu original dans le traitement. Loin de nous l'idée de défendre les récentes resucées US de contes de fées, tel que Blanche-Neige & le Chasseur par exemple, mais toutes présentaient au moins un soupçon d'idée dans la réinterprétation de récits mille fois adaptés. Ici, Gans se contente d'illustrer, ne sachant pas particulièrement quoi raconter, ni vraiment à qui s'adresser. Tout est assez grossier, qu'il s'agisse du sempiternel artifice narratif où un personnage raconte l'histoire en lisant un livre dont on voit les pages se tourner et les dessins devenir des plans, ou de la caractérisation qui fait des frères mais surtout des sœurs de Belle des archétypes horripilants. La cible principale semble être les enfants, comme en témoignent ces créatures inexploitées et donc complètement inutiles de chiens mutants (forme qui n'a d'ailleurs pas grand sens dans l'univers que s'invente le film), et "l'humour" des sœurs donc, mais seront-ils réellement divertis par un film dont la magie ne prend jamais?

Les rares moments qui paraissent incarnés sont ces quelques scènes, dans le dernier acte principalement, où l'on sent que Gans trouve enfin son compte, embrassant la fantasy pure. Ainsi, par bribes très fugaces, on retrouve un aspect "livre d'images" qui a pu intéresser le metteur en scène. Mais le reste du temps, le film est franchement ennuyeux. Tout sent la naphtaline, des costumes aux décors. Christophe Beaucarne signe sa photographie la plus chiquée, la musique omniprésente, surtout au début, surligne l'humour et désamorce toute tentative de premier degré, et la performance capture laisse à désirer. Certes, en France, on a sans doute moins de temps et d'argent (et de talent) à consacrer aux effets spéciaux que les blockbusters américains mais quand bien même, Gollum c'était il y a 12 ans. Le visage de la Bête ressemble davantage à un masque dont on aurait animé la bouche. Elle est inexpressive, cette Bête. Son visage est figé. On est plus proche des animaux de Babe que de Davy Jones dans Pirates des Caraïbes. Vincent Cassel cachetonne. Léa Seydoux détonne. Et le casting, dans son ensemble, témoigne une fois de plus de l'incompétence de Gans en tant que directeur d'acteurs. On comprend qu'il faille embaucher des acteurs étrangers pour assurer une coproduction internationale, mais de là à chercher une princesse avec un accent à couper au couteau ou un méchant qui ne parle pas français et que l'on double alors avec une voix qui ne lui va pas du tout… Avec La Belle et la Bête, Gans paraît régresser, commettant même certaines des erreurs du Pacte des Loups qu'il avait évitées sur Silent Hill, comme cette overdose de ralentis placés n'importe comment. Espérons que le potentiel échec du long métrage au box office ne freine pas la production de films aussi ambitieux, notamment ceux de Christophe Gans.

par Robert Hospyan

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