L'Année cinéma 2009 de Guillaume Massart

L'Année cinéma 2009 de Guillaume Massart

Belle année pour les confirmations, les retours, les coups de maître, les coups de grâce. Peu de surprises, de fait, à quelques noms près : un Push avant-gardiste qu'on n'attendait pas là, un Adieu Gary à l'improbable croisée d'un Dernier Maquis et du classicisme hollywoodien, un (des) Espion(s) inégal (inégaux) mais à fulgurances, un Fighting comme extrait des seventies, une Famille Wolberg emmêlée en mélo... Mais rien n'en imposa tant que le calme, la puissance tranquille, de la vieille garde. Là où Rohmer ou Doillon, les années précédentes, apparaissaient vieillissants, 2009 fut le temps des sages verts. Deux Oliveira d'une simplicité et d'une maîtrise impériales, un Itinéraire de Jean Bricard comme un des ultimes cris de force de l'analogique avant de poursuivre le virage numérique (le dernier court métrage de Jean-Marie Straub, Pour Joachim Gatti, est tourné en Red!), un Miyazaki inondé de larmes, un Wiseman exemplaire, un Rivette bref comme un songe... Dans l'ombre des géants, d'autres tinrent leur ligne. Quatre films en un an, dont au moins un très grand : c'est Steven Soderbergh qui stakhanovise. Un film à l'agonie s'automange et ressuscite : c'est Miguel Gomes qui court les bals populaires. Un documentaire est commandé et c'est une fiction qui en sort : c'est Guy Maddin qui, à Winnipeg, fait de l'expressionnisme allemand avec une mini-DV. Un visage numérique s'affine jusqu'à l'émotion : ce n'est pas du Cameron, mais du Mograbi. Grande année en mode mineur? C'est un peu ça : la baudruche Ikéa luminescente Avatar vite dégonflée, Fincher l'obèse déboutonné, l'immonde T4 flingué, que reste-t-il? Peu de grosses machines en somme, ne serait le modeste, drôle et beau Star Trek. Année humble, en somme. Pour en oublier le moins possible, citons quelques mal-aimés à ne pas négliger : un RAPT froid et tranchant, un Parc quasi-ruizien rescapé d'un development hell vertigineux, un Eden à l'ouest chaplinesque autrement plus subtil et fin que les bande-annonces qui l'ont fait bider, un beau film de Gianolli - qui aurait pu imaginer ça? - qui, derrière son déguisement repoussoir de sous-Cantet, finit chez Spielberg... Le rêve américain était partout ailleurs, en 2009, loin des chromos nouveau monde/nouvelle mode made in Cameron.

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1. Ponyo sur la falaise
2. La Danse, le ballet de l'Opéra de Paris
3. Push
4. Le Miroir magique
5. Ce cher mois d'août
6. Z32
7. 36 vues du Pic Saint-Loup
8. Che - 1ère partie : L'Argentin
9. Le Roi de l'évasion
10. Singularités d'une jeune fille blonde

Mon coup de coeur: LES ARCHERS de Martin Verdet

Il fallait être au FID de Marseille, aux Écrans Documentaires d'Arcueil ou au CPH:DOX de Copenhague pour le voir, ce huis-clos au fond des bois, hanté par une dame blanche sans âge, raide et droite comme la justice, espionnée par les boiseries des belles et lourdes portes entrebâillées. Dans le battement des métronomes, les violoncellistes bandaient leurs archets, reprenaient, hésitaient, insistaient, au travail, au travail, et puis après nous irons dormir, nous irons manger, la dame blanche s'occupera de nous. La résidence, au milieu de nulle part, était mangée par le brouillard. Si l'on s'accoudait à la fenêtre, on voyait les insectes morts contre la vitre. Les nuques, les mains, les corps, s'appliquaient à la musique. On aurait pu y rester : c'était ici la vraie Maison Nucingen de 2009, on s'y serait enivrés de musique jusqu'à ce que les bras nous en tombent. Aux beaux jours, quand on aurait enfin mérité du repos, on aurait pu sortir de la salle pour aller à une autre séance du FID, en l'Hinterland de Marie Voignier, sa bulle insulaire échappée du Truman Show, et s'y laisser bronzer sous le soleil de plastique jusqu'à l'année prochaine.

Mes attentes 2010

1. Ma Vie au ranch de Sophie Letourneur
2. Socialisme de Jean-Luc Godard
3. The Hole de Joe Dante
4. Le Dernier Maître de l'air de M. Night Shyamalan
5. Wolfman de Joe Johnston

par Guillaume Massart

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