LA COULEUR DU SACRIFICE: Mourad Boucif rend la parole aux Indigènes de la République

LA COULEUR DU SACRIFICE: Mourad Boucif rend la parole aux Indigènes de la République

La 15ème Quinzaine du cinéma francophone fut l'occasion, avant-hier soir, de découvrir La Couleur du sacrifice, exemplaire documentaire qui rend, face caméra et sans ambages, la parole à ces tirailleurs oubliés qui, durant la deuxième guerre m

La 15ème Quinzaine du cinéma francophone fut l'occasion, avant-hier soir, de découvrir La Couleur du sacrifice, exemplaire documentaire qui rend, face caméra et sans ambages, la parole à ces tirailleurs oubliés qui, durant la deuxième guerre mondiale, défendirent la France et la Belgique par milliers. En échange de ces ressortissants des pays colonisés, tels que le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Mali, le Sénégal, le Tchad ou encore le Congo, dont il se servit en première ligne comme de chair à canon, le gouvernement français promettait l’indépendance à ses colonies africaines. L'histoire vous paraît familière? C'est normal: Indigènes de Rachid Bouchareb vient de braquer les projecteurs sur ces faits occultés. La Couleur du sacrifice va plus loin et dévoile dans le détail le scandale de ces anciens combattants assignés en résidence en France, violemment séparés de leur famille, mourant loin des leurs, les leurs mourant loin d'eux, pour un anonymat entretenu dans les mouroirs Sonacotra, et une pension miséreuse, quelque part entre 30 et 60 euros par mois, selon les cas... Ces hommes sont malades, vieux, mourants. Et, apparemment, quantité négligeable: certes, ils défendirent la France, mais ils ne sont pas français, n'ont pas le droit de vote. Ceci sans même parler de leurs veuves...

La Couleur du sacrifice a mis 6 ans à se monter, en Belgique, sans le soutien de la RTBF qui rejeta deux fois le projet, qui dut donc se monter sur des fonds propres. Mais le ramdam médiatique entourant Indigènes pourrait laisser à entendre que, déjà, La Couleur du sacrifice a atteint sa date de péremption. Le film, pourtant, survient au contraire au bon moment pour soutenir un combat loin d'être gagné. Contrairement à l'idée reçue et colportée par la presse (lu cette semaine dans Télérama: "Puisqu'il a suffit d'un film, Indigènes, pour que Jacques Chirac répare une injustice et revalorise les pensions des anciens soldats français des colonies..."), rien n'est effectivement réglé. Rappeler tout d'abord qu'au début de son règne, Chirac fit déjà la même promesse. Rappeler ensuite qu'il est odieux, après avoir fait lanterner un demi-siècle, de repousser encore jusqu'en janvier 2007 la mise en application de cette nouvelle promesse poreuse. Poreuse, à tout le moins: la revalorisation prévue ne concerne que certaines catégories de pensions, excluant donc une partie des anciens combattants, et ne devrait atteindre qu'un niveau deux à trois fois inférieur aux pensions françaises. Autant dire que rien n'est réglé.

D'autant qu'Indigènes fait comme un écran de fumée sur le problème, tout paraissant, en surface, rentré dans l'ordre. Louis Heliot, du Centre Wallonie-Bruxelles, qui convia France Culture pour couvrir la projection, s'est récemment vu répondre que le problème avait déjà été suffisamment couvert. Et qu'il n'était pas nécessaire d'en rajouter.

Sans surprise, La Couleur du sacrifice n'a donc pas, pour l'instant, de distributeur français. Il en a un en Belgique. Mais la France n'en a, semble-t-il, cure. Le Centre Wallonie-Bruxelles a en conséquence décidé de conserver une copie du film et de la prêter aux associations qui en feront la demande.

FilmDeCulte a décidé de prêter ses colonnes pour lancer un appel aux distributeurs et exploitants français. Espérons qu'il soit entendu.

Pour contacter Mourad Boucif:

Les Films de Nour

3 avenue Jean de la Hoese - 1080 Bruxelles

Belgique

Téléphone : +32 2 411 59 29

Fax : +32 2 411 59 29

Courriel : mourad.boucif@skynet.be

Mourad Boucif travaille actuellement, toujours sous l'égide des Films de Nour, à un projet de fiction, Les Larmes d'argent, coproduit par le cinéaste Philippe Faucon (La Trahison). Le début des prises de vues aura lieu en février 2007, au Maroc et en Belgique. L'intrigue du film prendra place en avril 1939. Sulayman vit paisiblement dans sa région de Tisnit, dans le Haut Atlas marocain. Orphelin, il a été adopté par Azhim, un ermite très mystérieux. Il rencontre Khadija, une fille du village, et l'épouse. Il ne se soucie guère des problèmes politiques que connaît son pays, principalement par rapport au protectorat français. Mais un jour, Sulayman disparaît. Khadija essaie de le retrouver et apprend qu'il est au front, en Europe, à combattre les nazis.

par Guillaume Massart

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