H.

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H.
États-Unis, 2014
De Rania Attieh, Daniel Garcia
Scénario : Rania Attieh, Daniel Garcia
Durée : 1h33
Note FilmDeCulte : *****-
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Deux femmes sombrent dans la folie suite au passage d'une comète.

AU REVOIR LES ENFANTS

Derrière le titre mystérieux et sibyllin du film de Rania Attieh et Daniel Garcia (lire notre entretien), H., il y a un double mystère : les récits en reflets de deux Helen vivant à Troy une étrange tragédie grecque dans un monde au bord du KO. L’une, la soixantaine, s’occupe d’une poupée ultra-réaliste comme s’il s’agissait de son propre enfant. L’autre, la trentaine, attend un bébé – un vrai. Leurs vies sont très différentes mais Attieh et Garcia réunissent leurs histoires en reflets cassés. Il règne une atmosphère apocalyptique dans H., quelque chose couve et semble menaçant. L’utilisation répétée de l’obsédant Fratres d’Arvo Pärt recouvre H. d’un voile d’urgence. H. est un film catastrophe minimaliste mais la catastrophe est là : la monumentale tête d’une statue dérive sur l’eau, décapitée on ne sait comment ; une comète transperce le ciel mais pas de scènes de foule en panique, juste un reflet dans une vitre. La catastrophe s’insinue subtilement comme du sang dans un œil.

H. est peuplé de ces visions puissantes et poétiques, d’étranges nuages et de divinités cachées. Un cheval noir sur la route, des gens figés priant le ciel : Attieh et Garcia captent à merveille ce dérèglement angoissant tout comme ils capturent sa beauté. Une rencontre surréaliste a lieu en fin de film, dans les bois ; on ne la dévoilera pas mais elle s’impose d’ores et déjà parmi les plus marquantes qu’on verra au cinéma cette année. Helen et Helen portent un regard angoissé sur le monde, sur ce qu’elles laisseront en héritage. En creux, les réalisateurs signent un film sur l’angoisse de la génération d’après. L’une ne semble avoir pour descendance qu’une poupée réaliste et mortifère, l’autre peut bien se soucier de la planète sur laquelle son gosse va grandir. Derrière le superbe geste poétique, il y a des questionnements bien concrets et inquiétants.

par Nicolas Bardot

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