Der Samurai

Der Samurai
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Samurai (Der)
Allemagne, 2014
De Till Kleinert
Scénario : Till Kleinert
Durée : 1h19
Sortie : 15/07/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Jakob est la risée des motards de son petit village du Brandebourg, en raison de son manque de virilité. Alors que ce jeune policier doit neutraliser un loup qui rôde aux alentours, c’est un jeune homme athlétique, vêtu d’une robe et armé d’un sabre de samouraï, qu’il rencontre dans les bois ! Ivre de vengeance, ce samouraï compte bien tout laminer sur son passage : les chiens, les nains de jardin et la population homophobe locale. Le doux Jakob, soudain pris d’un brûlant désir sexuel, hésite à interpeller le maniaque, ou s’offrir plutôt à lui et l’accompagner dans son odyssée meurtrière…

LA COMPAGNIE DU LOUP

Film de fin d’études de Till Kleinert (lire notre entretien), jeune cinéaste allemand de 34 ans, Der Samurai est à peu près aussi surprenant que son titre qui en deux mots fait voyager un héros japonais dans les forêts des frères Grimm. Il y a quelque chose de très réjouissant à voir un premier film aussi libre de contraintes et au ton aussi inédit. Kleinert a parlé notamment de son amour pour La Compagnie des loups de Neil Jordan ou de l’influence du jeu vidéo Final Fantasy VII : c’est ce type de mix hétérogène et curieux qui rend Der Samurai assez unique. Tout comme son pitch : un apprenti flic dont le manque de virilité est moqué doit neutraliser un loup dans les bois, mais tombe sur un homme mystérieux, vêtu d’une robe avec un katana à la main…

Dans un genre (l’horreur) qui plus que tout autre marche sur le principe de l’allégorie, Kleinert pioche dans l’imagerie du film de loup-garou, soit un réservoir à métaphores à lui tout seul. Il n’y a pas de transformation spectaculaire dans Der Samurai : il pourrait tout autant ne pas être un film de loup-garou, et le samouraï en question n’est finalement jamais désigné. Pourtant il s’agit aussi d’un film direct, franc du collier, à la fois totalement dans la suggestion (l’essentiel, le nœud de cette histoire de refoulement ne semblent jamais vraiment explicites à l’écran) tandis que surgissent ici ou là des représentations qui ne laissent guère de doute sur la tension sexuelle à l’œuvre. Pour son premier essai, Kleinert peut faire cohabiter des genres avec harmonie, des tons sans références post-modernes, explorer des thèmes sans les nommer mais en usant de la poésie : il y a ce qu’on voit et il y a sans cesse ce réseau souterrain. Le finale extravagant, sur une chanson de The Ark, joue également sur cette approche contradictoire : une représentation onirique, surréelle, où le conte devient psychédélique, et à l’opposé l’utilisation d’une chanson (It Takes a Fool to Remain Sane) qui dans ce récit de libération tient presque de la note d’intention. Ce qui pourrait être bancal donne ici un cocktail casse-cou, périlleux et tout à fait prometteur.

par Nicolas Bardot

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