TIFF 2017: Beware the Slenderman

TIFF 2017: Beware the Slenderman
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Beware the Slenderman
États-Unis, 2016
De Irene Taylor Brodsky
Durée : 1h54
Note FilmDeCulte : ****--
  • TIFF 2017: Beware the Slenderman
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Beware the Slenderman raconte comment deux jeunes filles ont tenté d'assassiner une de leur camarade, en espérant apaiser le Slenderman, un monstre d'une légende urbaine née sur internet.

URBAN LEGEND

Produit par HBO pour une diffusion télé, Beware the Slenderman est un documentaire à la forme efficace mais des plus classiques (d'intervenants en images d'archives intimes jusqu'aux travellings sur la ville filmés en plongée depuis un drone). Ce qui est moins classique, c'est l'horreur du fait divers qu'il relate: deux gamines d'une douzaine d'années qui ont tenté de tuer leur meilleure amie parce que le Slenderman le leur aurait demandé. Ambitieux, le documentaire se détache du tout-venant car il traite non pas d'un mais de deux sujets. La tentative de meurtre en question (et toutes les interrogations que suscitent les crimes commis par des enfants), mais aussi la figure fascinante du Slenderman, croquemitaine moderne, légende urbaine née il y a à peine dix ans sur internet, devenue incroyablement populaire chez les enfants du monde entier. A la fois joueur de flute de Hamelin (il ne s’intéresse qu'aux enfants), Grippe-sou le clown (les parents ne peuvent pas le voir), et grand frère protecteur pour gamins harcelés, le personnage est d'une ambivalence incroyable. Et le culte qu'il suscite est colossal.

Le piège qui guettait la réalisatrice Irene Taylor Brodsky était alors de n'utiliser le fait divers que comme une excuse, une introduction pour parler du mythe du Slenderman. Elle s'en sort habilement, traitant avec dignité les protagonistes du drame. Sans jouer à l'enquête de mauvais goût, la réalisatrice enchaine les interviews des parents des filles pour tenter de comprendre. Ces derniers, tout en demeurant stupéfaits, se révèlent étonnamment lucides. La séquence la plus forte du film est d'ailleurs celle où les deux sujets se superposent: à l'écran s'enchainent des vidéos Youtube likées et partagées par l'une des deux filles accusées, telles qu'elles ont été retrouvées dans son historique internet avant les faits. Ce montage de vidéos, tantôt naïves tantôt glaçantes, (du lol cat au chat torturé) crée un vrai sentiment de malaise, entre rire et panique. La fillette se décrit elle-même en riant comme une psychopathe. Les adultes ont un autre mot à la bouche: schizophrène. Et c'est là le tour de passe-passe le plus excitant du documentaire: parler de croyance. Impossible de prouver à des enfants que le Slenderman n'existe pas, mais quand leurs propres parents, tout raisonnables et civilisés qu'ils sont, accusent le diable d'avoir détourné leur fillette du droit chemin, qui a la croyance la plus dingue, finalement ?

par Gregory Coutaut

En savoir plus

Beware the Slenderman est présenté cette semaine au Transilvania International Film Festival qui est à suivre en direct sur FilmDeCulte.

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