Après vous

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Antoine sauve par hasard Louis, un inconnu sur le point de se pendre. Sans véritable raison, il l’installe chez lui, lui trouve un travail, l’encourage à surmonter ses névroses et part à la recherche de Blanche, la raison même de sa tentative de suicide.

CHARITE BIEN ORDONNEE

En pleine suée de fin d’année, avant les huîtres et le saumon flasque, Après vous empoigne les clichés de la comédie altruiste avec une vitalité appétissante. L’assiette généreuse de Pierre Salvadori régale de grands enfants capricieux: un Daniel Auteuil mi-ange mi-Tartuffe, un José Garcia engourdi par la morphine et une Sandrine Kiberlain vulnérable et maladivement "conciliante". Pour son magistral retour à la pitrerie, Auteuil vole au secours des suicidaires, batifole avec les jolies fleuristes, et subit les conséquences fâcheuses de ses accès de bienveillance. La main tendue ou le poing levé, un homme pressé et un convalescent s’échangent leurs chemises, s’amourachent de la même jeune femme pour mieux tourmenter leur amitié. La surprise ne vient pas des combinaisons burlesques (un divin manège à trois, pléthore de quiproquos), mais des voluptueuses saillies et de l’incongruité des non-dits. L’humanité selon Salvadori se partage entre pierrots dépressifs et aimables excentriques. Louis, Antoine et Blanche ne dépareillent pas avec leurs entêtants prédécesseurs, Les Apprentis (François Cluzet, Guillaume Depardieu) ou les Cible émouvante (Jean Rochefort, Marie Trintignant). Au-dessus de chacun ondule un fanion de détresse; les protagonistes de Salvadori se mentent, s’étripent mais se retrouvent avec cœur dans un final apaisé.

ALLEGRETTO

Au détour de saynètes enlevées et pétulantes, Après vous met en lumière la précision mathématique des dialogues et des élégants pas de deux. Les vulgarités de comptoir et les échauffourées hystériques sont laissées aux mauvais esprits. Chez Salvadori, les quolibets et les pantomimes servent de tremplins exacts aux interprètes. L’énergie souriante du casting (la sainte trinité Michèle Moretti, Marilyne Canto et Garance Clavel), requinque cette comédie désuète, où les virevoltes incessantes priment sur les rougeurs amoureuses. Salvadori court moins après la vraisemblance que l’efficacité. Si le fond exhale des sentiments communs, le ton se permet toutes les extravagances. Seul regret: l’urgence des situations et la partition chronométrée cadenassent le trio vedette. Le moindre temps mort semble une écharde dans un panier si bien tressé. Après vous n’a pourtant pas à souffrir de ses écarts. Auteuil enfile le nez rouge avec maestria, José Garcia délaisse sa légendaire faconde. Kiberlain est radieuse en tentatrice candide. Derrière les mécanismes éprouvés de la comédie, Pierre Salvadori donne à aimer bien plus que des poupées: de grands nerveux à fleur de peau, dépassés par les événements mais jamais complètement perdus. La farce, si grosse soit-elle, choisit de les sauver un par un, les traîtres comme les suicidaires.

DITES-LE AVEC DES FLEURS

Les deux pôles d’effervescence, le restaurant d’Antoine et la boutique de Blanche, en disent assez long sur la prose des scénaristes. Parce qu’il est maître d’hôtel, Antoine rend service à un parfait inconnu. Parce qu’elle est fleuriste, Blanche rosit et se fane à la moindre contrariété. Plus les rôles se dispersent, plus les mensonges s’entortillent. Après vous s’accommode des plus élémentaires proverbes enfantins. Un bon vin paraphrase l’amour, une expression bien tournée sauve d’une situation improbable. Des fleurs achetées sous la contrainte invitent au mariage, des épines ensanglantent une paume et révèlent la chaleur d’un sentiment. En parfaite comédie du ressassement, Après vous entrelace les personnalités, les bibelots, les actions; une gratuité et une insouciance systématiquement contrebalancés par le cafard ambiant. Réclamé de toutes parts, Antoine réajuste ses trois tabliers – le mari attentionné, le confident irrésistible et la nounou providentielle –. A chaque solution, sa nouvelle dégringolade. Antoine, Louis et Blanche tiennent en équilibre sur un fil dérisoire mais ne s’agrippent pas en vain. Pierre Salvadori jubile de ces broutilles qui les unissent: une histoire de bonnes et mauvaises manières, où l’on pleure au milieu des pétunias et où l’on songe encore à escalader les balcons.

par Danielle Chou

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