Anna Karénine

Anna Karénine
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Anna Karénine
Royaume-Uni, 2012
De Joe Wright
Scénario : Torn Stoppard
Avec : Keira Knightley
Photo : Seamus McGarvey
Musique : Dario Marianelli
Durée : 2h10
Sortie : 05/12/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d’un grand bal, de l’infatuation réciproque d’Anna et Vronski. Anna, désorientée, rentre à Saint-Pétersbourg, mais Vronski l’y suit. Elle s’évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s’abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l’aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l’hypocrisie d’une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.

LE MONDE EST UN THÉÂTRE

Sa précédente Hanna, conte de fée revisité, l'avait brièvement éloigné des adaptations costumées, genre qui a fait sa réputation. Passé maître dans la peinture des passions contrariées, Joe Wright retrouve une nouvelle fois sa muse et actrice fétiche Keira Knightley après Orgueil et préjugés et le très émouvant Reviens-moi. Anna Karenine est sans doute ce qu'il pouvait offrir de plus beau à son actrice : un drame passionnel inspiré d'un chef-d'œuvre de la littérature et surtout un rôle iconique taillé sur mesure. Pour cette troisième collaboration, Wright augmente la difficulté en radicalisant son parti pris. On se souvient de la virtuose scène de bal d'Orgueil et préjugés et du magnifique plan-séquence central de Reviens-moi. Anna Karénine pousse la performance un peu plus loin. Wright met en miroir plusieurs perspectives : le roman de Tolstoï, sa transposition filmée et son extension théâtrale, avec un habile et étourdissant jeu de mise en abîme. Les acteurs évoluent principalement dans un théâtre et s'invitent des deux côtés de la scène. Dès sa première apparition, Anna a l'allure d'une actrice dans sa loge préparant minutieusement son entrée. La clé du film est là, dans cette conscience aiguë du paraître et du regard (malveillant) que les autres portent sur soi. Au milieu du film, Anna devient à son tour la spectatrice d'une course de chevaux qui a lieu dans le théâtre même. Le va-et-vient entre la scène (la vie en société, où chacun joue à être un autre) et les coulisses (l'intimité du couple) ne s'arrête jamais.

ILLUSIONS PERDUES

Anna Karénine n'est pas seulement du théâtre filmé, c'est une œuvre hybride et ambitieuse, entièrement dévouée à la beauté du geste, des regards et des corps hésitants. Les décors les plus somptueux se succèdent comme autant de tableaux vivants, parfaitement chorégraphiés. La partition caressante de Dario Marianelli ne fait que souligner et sublimer la valse des sentiments. Joe Wright s'amuse de l'artifice, des rouages apparents (les reconstitutions, le vrai, le faux, le vrai du faux), du rapport de connivence et de distance avec ses héros tragiques. Pour qui adhère au parti pris, le film est un ravissement pour les yeux, un écrin d'un raffinement inouï. Mais ce faste effréné a une limite. Étrangement, la flamboyante liaison adultérine d'Anna et Vronski peine à convaincre totalement. Le couple Levine (Domhall Gleeson) - Kitty (Alicia Vikander), incarnation de la raison et de la modestie, ferait presque de l'ombre aux deux protagonistes, notamment dans une très belle séquence de mots doux échangés en silence. Le trio Keira Knightley - Aaron Johnson - Jude Law fonctionne, mais la mise en scène impose par moments une telle solennité que rien ne déborde de cet amour trop encadré. Magnifiée par Joe Wright, Keira Knightley n'en reste pas moins une Anna Karénine frustrante. Comme écrasée par l'enjeu, elle ne se défait pas toujours de ses moues habituelles. Dans un rôle ingrat et enlaidi pour l'occasion, Jude Law est le seul à apporter un peu d'émotion et de gravité dans un tourbillon de soie et de diamants.

par Danielle Chou

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