Love Lies Bleeding

Love Lies Bleeding
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Love Lies Bleeding
États-Unis, 2024
De Rose Glass
Scénario : Rose Glass
Avec : Ed Harris, Kristen Stewart
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h46
Sortie : 12/06/2024
Note FilmDeCulte : *****-
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Lou, gérante solitaire d'une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence.

NO PAIN NO GAIN

Dans Saint Maud, le premier long de Rose Glass, il était déjà question de foi, en Dieu mais également en ce que l'individu croit, dur comme fer, au point d'en ressentir une influence sur son corps, potentiellement fantasmée. Ce sont les mêmes idées que la cinéaste continue de travailler dans son nouveau film, inscrit ce coup-ci non plus dans l'horreur, bien qu'il en reste des oripeaux, mais dans le néo-noir d'Amérique profonde, type Blood Simple version lesbienne. Et si cela peut renvoyer au célèbre Bound des sœurs Wachowski, on pense aussi étrangement à...Hulk? Derrière des atours arty, Love Lies Bleeding est aussi ouvertement pulp, ne s'interdisant aucun excès, qu'il s'agisse de postiches (ça se passe en 1989) ou de symbolisme kitsch, et, de façon moins réjouissante, aucun cliché. La caractérisation de l'antagoniste demeure relativement légère et les péripéties de la deuxième moité n'évitent pas une nature un peu programmatique déjà vue du thriller où les corps s'empilent au fur et à mesure.

Mais le corps est bien évidemment au cœur des préoccupations de Glass et c'est là que résident les fulgurances du film. Pour Jackie (Katy O'Brien, une révélation), il est cet outil à développer, à maîtriser pour s'en sortir, pour s'émanciper de sa condition (d'ex-obèse, de femme, de plouc de l'Oklahoma), les mantras des affiches de la salle de muscu devenant des versets attestant du pouvoir de l'esprit sur le physique. Pour Lou (Kristen Stewart, fidèle à elle-même), il est un objet de fantasme, vu qu'il s'agit de celui de Jackie, une contrée à explorer, et à ce titre, le film embrasse un érotisme sans retenue tout à fait à propos. De quoi mettre un terme au débat débile sur les scènes de sexe utiles. Et quand la colère de l'une prend pas sur le sien, il faut se débarrasser du corps de ceux qui nous oppressent, de ces bagages du passé à extraire du trou noir où les avait refoulés, comme on extrait de la merde d'un chiotte bouché. Parce que qu'est-ce qu'on ferait pas par amour? Ce coup-ci, la foi qui donne le pouvoir de se transcender ne concerne pas le divin mais *coeur avec les mains* l'amour. Et Love Lies Bleeding est une fable sanglante sur ce qu'il est parfois nécessaire de faire pour vivre heureux et à jamais.

par Robert Hospyan

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