La Playa

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Playa (La)
Colombie, 2012
De Juan Andrés Arango
Scénario : Juan Andrés Arango
Durée : 1h30
Sortie : 17/04/2013
Note FilmDeCulte : **----
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Tomás, un jeune afro-colombien qui a dû fuir son village à cause de la guerre, vit maintenant à Bogota, une ville traditionnellement « blanche », où il est marginalisé. À travers un voyage initiatique dans les rues de la capitale, Tomás va tout risquer pour retrouver son frère Jairo. Il parviendra ainsi à tracer son propre chemin dans une ville en pleine transformation, à la fois violente et stimulante, où les Noirs luttent pour se tailler une place.

ROSETTA EN COLOMBIE

La Playa D.C. déploie en apparence tous les atours d’un film moderne : musique hip-hop et ragga qui gronde, univers de violence ado urbaine, protagoniste suivi de dos par une caméra à l’épaule… ce dernier détail vous dit quelque chose ? L’école Rosetta n’en finit pas de faire des émules, recopiant la formule belge jusqu’à la vider sa substance (rappelons tout de même que le film des frères Dardenne remonte à il y a treize ans, on peut trouver modèle plus contemporain). Ce n’est pas le seul cliché du film, puisqu’on y retrouve même l’inévitable et pourtant toujours inutile scène de discothèque qui, comme les longues scènes de douche, est vraiment la tarte à la crème des films à la caractérisation trop paresseuse. Le héros est là, regarde les autres danser. Il ne se passe rien mais c’est l’occasion d’une démonstration technique son et lumière idéale pour que le spectateur y projette le sens qui y fait défaut. La Playa D.C. est un film faussement moderne. C’est au contraire un film très appliqué, très sage, tristement représentatif des films sélectionnés et distribués uniquement pour la carte postale culturelle qu’ils représentent.

Le contexte est ici effectivement inédit sur nos écrans: la communauté noire colombienne. Mais si l’on déplaçait dans un contexte familier (à Paris ou New York) cette histoire classique d’antihéros attachant cherchant à s’extraire de l’engrenage de la violence, elle perdrait tout intérêt. Un contexte géographique, sociologique ou culturel peut-il suffire à faire l’intérêt d’un film ? A nos yeux, la réponse est dans la question. Comme Peddlers à la Semaine de la critique (le trafic de drogue à Mumbai), comme dans la caméra d’or 2011 Les Acacias (la frontière Argentino-Paraguayenne) et comme des centaines d’autres mauvais films, La Playa D.C. n’offre qu’une trame et une mise en scène déjà vues cent fois derrière une façade exotique. C’est par contre un film très facile d’accès (la caméra reste sage, la violence reste hors-champ…), c’est même un candidat tout à fait possible à une Caméra d’Or consensuelle, mais n’y avait-il rien de plus novateur ou contemporain à programmer que ce film-du-milieu sans surprise ? Parce qu’au final, La Playa D.C. manque de quelque chose de plus grave que de l’audace ou de l’originalité (ça, on peut s’en passer). Il manque tout simplement de personnalité.

par Gregory Coutaut

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