Sunhi

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Sunhi
Woori Sunhee
Corée du Sud, 2013
De Sang-Soo Hong
Scénario : Sang-Soo Hong
Durée : 1h28
Sortie : 09/07/2014
Note FilmDeCulte : *****-
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Sun-Hi retrouve trois hommes de son passé. Chacun croit la connaître mais aucun ne se révèle capable de comprendre ce qu'elle ressent réellement...

SUNHI ET LES GARÇONS

Lors d'une scène de Our Sunhi, l'héroïne éponyme et l'un des personnages masculins rentrent chez eux, titubant comme s'ils venaient d'être éjectés d'une machine à laver. Pas de scoop pour un film de Hong Sang-Soo. L'effet est assez irrésistible et pourtant, en un simple pano, Hong passe de la drôlerie pathétique post-beuverie à la solitude poignante de Sunhi qui arpente une rue nocturne tandis qu'une petite pluie tombe sur son ombrelle. Tout cela en 5 secondes. L'art du Coréen en un mouvement: la comédie, son envers l'amertume, et le minimalisme absolu des outils.

Quoi de neuf dans la musique répétitive de Hong ? Beaucoup de choses. Car si les ingrédients ne changent pas, l'intérêt est justement là: comment essorer des personnages, des sentiments et des situations sous toutes les coutures à partir d'une grammaire volontairement limitée ? Contrairement à ce qu'on peut entendre régulièrement ("Hong Sang-Soo c'est toujours pareil", ou plutôt "hongsangsoocesttoujourspareil", critique aussi profonde que des magnifiquesportraitsdefemmes et autres noiretblancsublime écrits à la louche, et à mettre dans la même corbeille que les "sofiacoppolacesttoujourspareil" ou "ozucesttoujourspareil"), Hong a effectué un virage avec son dernier film, Haewon et les hommes. Avant cela, le réalisateur a signé quelques beaux et gracieux contes de cinéma, récits en abimes où les personnages, de HaHaHa à In Another Country se heurtaient à l'impossibilité de décrire correctement une situation, vécue ou fantasmée. Haewon et Sunhi sont beaucoup plus ancrés dans le réel. Un personnage de Our Sunhi, imbibé, le confirme: les femmes sont plus pragmatiques, les hommes tombent amoureux de n'importe qui. L'amertume est de plus en plus grande dans les films faussement légers du cinéaste. Encore plus que dans Haewon, dans Sunhi, ce sont les humains entre eux qui ne parviennent même pas à se décrire. Un homme se dit fou amoureux de la jeune femme mais est incapable de dire qui elle est vraiment. La lettre de recommandation qu'écrit le professeur varie selon le moment où Sunhi dit "oui" ou dit "non". Tous sont obsédés par elle, personne ne la connait réellement. Our Sunhi décrit une solitude comme peu de fois le cinéaste coréen a pu le faire par le passé. Hong Sang-Soo c'est toujours pareil ? Les personnages de Hong Sang-Soo sont mille fois plus complexes que 80% de ceux qu'on trouve dans les autres films. Ça laisse le temps avant de s'épuiser.

Sunhi a "tendance à disparaître". Physiquement. Mais métaphoriquement aussi, bien sûr, dissimulée derrière les fausses idées qu'on se fait d'elle. On parle de partir au Canada dans Haewon. Sunhi veut, elle, déménager quelque temps aux États-Unis. Sait-elle elle-même ce qu'elle désire vraiment ? Les personnages de Hong Sang-Soo sont toujours aussi perdus dans une douce errance existentielle. Dans Sunhi, ils "font un truc", doivent "aller quelque part". Les historiettes sont minis mais il y a toujours un grand vertige que l'alcool ne dissipe pas. "Bois un coup et souris". Les choses ne sont pourtant pas aussi simples qu'en apparence. Comme le cinéma de Hong Sang-Soo.

par Nicolas Bardot

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