Le Dernier voyage de Tanya

Le Dernier voyage de Tanya
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Dernier voyage de Tanya (Le)
Ovsyanki
Russie, Fédération de, 2010
De Aleksei Fedorchenko
Scénario : Denis Osokin
Avec : Yuliya Aug
Photo : Mikhaïl Kritchman
Musique : Andrei Karasyov
Durée : 1h15
Sortie : 03/11/2010
Note FilmDeCulte : ****--
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A la mort de son épouse Tanya, Miron aspire à un dernier voyage avec sa bien-aimée respectant le rituel des Méria, une ancienne tribu russe dont les traditions perdurent. Accompagné de son meilleur ami Aist, ils sillonnent la Russie. Comme le veut la coutume, Miron partage avec son ami les souvenirs les plus intimes de sa vie conjugale. Mais au bord du lac sacré sur les berges duquel ils font leurs adieux à Tanya, Miron se rend compte qu'il n'était pas le seul à l’aimer...

NOS FUNERAILLES

Tanya est morte. Son mari, accompagné d'un de ses employés, part brûler son corps au bord d'un fleuve pour y disperser ses cendres. Voici là le dernier voyage de Tanya. Très remarqué lors de la dernière Mostra de Venise, le film d'Aleksei Fedorchenko, plus proche de Zvyagintsev (à qui il a emprunté le chef opérateur, Mikhail Krichman) que de Mikhalkov, raconte les rituels funéraires des Meria, un peuple oublié, qui n'existe plus, d'ailleurs tout ceci pourrait bien n'être qu'un conte. Fedorchenko laisse floue la frontière avec le fantastique (plan sublime d'une église orthodoxe abandonnée, émergeant de la brume, qui laisse place à quelques images fixes de lieux hantés; dénouement en forme de deux ex machina et retrouvailles avec les fantômes), peignant ses hommes et femmes qui, plus qu'en Dieu, croient en l'eau (celle où renaissent les morts; la vodka avec laquelle on lave ou enflamme les corps) et l'amour (les personnages féminins sont ici autant de charges érotiques). Ce voyage vers l'au-delà se fait d'un pas résolu, "si une chose doit disparaître, qu'il en soit ainsi", répète le narrateur. Pas vraiment de manifestation de tristesse, une indicible mélancolie oui, même si le chagrin finit malgré tout par faire tomber les arbres. Le tempo imprimé par la longueur des séquences, les chants psalmodiés, épaississent ce mystère dont le silence n'est troublé que par le chant de quelques passereaux. Oiseaux de bon ou mauvais augure: un étrange gros plan sur les piafs laisse croire que le destin des personnages se reflète dans leur œil. Des personnages qui comme eux s'envolent, présence aussi volatile qu'éphémère. Beau film (ne pas se fier à l'affiche, hideuse), très court (1h15), qui donne envie de voir ce que ce jeune cinéaste a d'autre à raconter.

par Nicolas Bardot

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