L'Odyssée de Pi

L'Odyssée de Pi
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Odyssée de Pi (L')
Life of Pi
États-Unis, 2010
De Ang Lee
Scénario : David Magee
Avec : Gérard Depardieu, Irfan Khan, Suraj Sharma
Photo : Claudio Miranda
Musique : Mychael Danna
Durée : 2h07
Sortie : 19/12/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.

L’ODYSSÉE DE LEE

Publié en 2001, le roman Life of Pi (Histoire de Pi en français, surenchéri par L'Odyssée de Pi pour la sortie ciné) doit être adapté au cinéma depuis 10 ans. Des cinéastes aussi différents que M. Night Shyamalan, Alfonso Cuaron ou encore Jean-Pierre Jeunet ont été attachés à ce projet à la fois sexy et impossible. Et c'est finalement Ang Lee qui a récupéré le cadeau empoisonné, se retrouvant avec plusieurs défis à relever. Car derrière ce best-seller très convoité, il y a des animaux et de l'eau, il y a une histoire de naufrage géant, et il y a un film hollywoodien à gros budget dont l'essentiel de l'action doit tenir sur une barque. Avec pour protagonistes un jeune Indien inconnu (joué par Suraj Sharma, plutôt convaincant, et qui nous permet d'éviter l'atroce Dev Patel) et... un tigre. De quoi faire peur au réalisateur taïwanais ? Pas vraiment. Car ce dernier a pour habitude de repartir à zéro après chaque film, de changer de registre plus que n'importe quel cinéaste au monde (de Jane Austen à Hulk, du cinéma d'arts martiaux à une peinture de l'Americana gay). Si l'on a toujours eu un peu de mal à le placer dans le petit guide de l'Auteur (un peu comme pour un Stephen Frears), Lee est parvenu à exceller à peu près partout où il est allé. Pas besoin de bouée donc pour se lancer dans cette odyssée.

Ang Lee n'est pourtant pas vraiment aidé par le scénario signé David Magee (auteur des scripts de la machine à Oscars Neverland et d'un machin oublié avec Renee Zellweger). Peur du silence, redondances (toutes les scènes avec l'écrivain, "utiles" in fine mais mal gérées), introduction poussive, l'écriture de Magee est scolaire à l'extrême. L'Odyssée de Pi décolle lorsqu'on laisse place au pur déferlement visuel - et au talent de Ang Lee. Parmi les moments bluffants, le naufrage évidemment. Une séquence chaotique mais qui ne l'est jamais du point de vue de la mise en scène, ample et précise. Et d'autres: une plongée surréaliste dans les profondeurs de l'océan qui rappelle l'extraordinaire travelling dans le cosmos de Robert Zemeckis dans Contact, ou encore un étrange passage halluciné sur un ilot abandonné. Ang Lee peut se permettre ce qu'il veut comme changer de format d'image en plein milieu du film. Ce n'est pas un hasard si les trois essais les plus convaincants en 3D sont l’œuvre de James Cameron (Avatar), Martin Scorsese (Hugo Cabret) et Ang Lee. Souvent attrape-con, souvent gadget quand il ne s'agit pas de simples conversions, la 3D n'a été bien utilisée que lorsqu'elle a été pensée par des cinéastes (autant dire rarement). Si la narration reste un peu formatée, L'Odyssée de Pi ouvre un livre d'image assez fascinant, servi à merveille par des effets spéciaux à peu près irréprochables. Mais servi surtout par la grâce d'un conteur hors pair qui a tout compris de ce récit sur la puissance de l'imaginaire.

par Nicolas Bardot

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