Leçons d'harmonie

Leçons d'harmonie
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Leçons d'harmonie
Uroki Garmonii
Kazakhstan, 2013
De Emir Baigazin
Scénario : Emir Baigazin
Durée : 1h50
Sortie : 26/03/2014
Note FilmDeCulte : **----
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Aslan, 13 ans, vit avec sa grand-mère dans un village au Kazakhstan. Il fréquente un collège où la corruption et la violence tranchent avec son obsession du perfectionnisme. Le jeune Bolat, chef du gang des mauvais garçons, humilie Aslan devant ses camarades de classe et extorque de l’argent à tous les adolescents. Aslan prépare une vengeance féroce et implacable.

LEÇONS DE SUBTILITÉ

Le sujet est inattaquable: le harcèlement à l'école, dans un film où la brutalité n'est pas circonscrite à la cour de récré. De plus, le tout jeune réalisateur (Emir Bagaizin, 28 ans) fait preuve d'une candeur absolue qui pousse à l'indulgence. Peut-être alors que sélectionner Leçons d'harmonie en compétition à la Berlinale ne peut faire que du mal au long métrage, à nos yeux pas du tout à la hauteur de son sujet. L'une des bonnes surprises de Leçons d'harmonie, c'est le soin apporté à la mise en scène. Leçons... ne fait pas partie de ces films qui pensent que pour bien filmer des situations pathétiques, il faut les filmer moches. Mais la mise en scène de Bagaizin est également trop appliquée. On se souvient (avec un peu de honte) de Dreamgirls, le navet musical dont le générique de fin ressemblait, avec images et croquis illustratifs, à un For Your Consideration géant dédié à ses acteurs et techniciens, tout à fait à propos en pleine campagne Oscar. Dans le cadre d'un festival comme la Berlinale, la mise en scène de Bagaizin semble souvent donner des coups de coude en chuchotant à répétition "prix de la mise en scène". On ne reproche pas à Leçons d'harmonie d'être bien filmé. On lui reproche d'esthétiser sans se soucier de ce qu'il raconte. Il y a une séquence du film parfaitement gratuite où le jeune héros passe devant une succession de portes, de fenêtres, créant des cadres dans le cadre, de la belle image pour de la belle image, mais totalement vide. Pourquoi ? Parce que son personnage est vide. Parce qu'il est posé dans le cadre non pas parce qu'il y a un quelconque sens (on ne parle pas des scènes qui par exemple exprimeraient sa solitude intérieure), mais qu'il doit être là où cela doit être joli.

Aslan, le personnage principal d'Leçons d'harmonie, est un cliché de non-personnage de "films de festivals" (si cela existe) où une victime passive erre comme un fantôme les bras ballants pendant deux heures. A l'opposé, le méchant, sorte de mini-Orelsan aussi profond que les textes de ce dernier, a compris qu'il devait jouer le jeune caïd, et le surjoue en permanence: il ne lui manque que les anglaises de Nelly Oleson. La direction d'acteurs ne vient en aide ni à l'un ni à l'autre, abandonnés par un réalisateur qui semble davantage préoccupé par ses tonnes de métaphores animales: fourmis dévorant un ver de terre, cafard sur la chaise électrique, lézards qui se bouffent, mouton désossé. L'écriture de Leçons d'harmonie est d'une lourdeur pachydermique. Après le traumatisme subi par le héros en début de film (qu'on ne dévoilera pas mais qui est incroyable - comment faire un film sur ce point de départ ?), celui-ci développe une phobie des verres et vomit dès qu'il en voit un. Les enquêteurs pourris ironisent à voix haute en se lavant les mains. Tout pèse des briques, tout est surligné, et lorsque la grand-mère appelle son petit-fils en lui adressant un "Tu viens manger, je t'ai fait de la crème fraiche !", trop c'est trop. Le film n'est plus divertissant que parce qu'il est bêta. Sincère ? Mais bêta quand même.

par Nicolas Bardot

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