We Are What We Are

We Are What We Are
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
We Are What We Are
États-Unis, 2013
De Jim Mickle
Scénario : Nick Damici, Jim Mickle
Photo : Ryan Samul
Durée : 1h40
Note FilmDeCulte : ****--
  • We Are What We Are
  • We Are What We Are

Les Parker, sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Frank, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes Parker, vont devoir s'occuper de leur jeune frère Rory. Elles se retrouvent avec de nouvelles responsabilités et n'ont d'autre choix que de s'y soumettre, sous l'autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix. Une tempête torrentielle s'abat sur la région, les fleuves débordent. Les autorités locales commencent à découvrir des indices qui les rapprochent du terrible secret des Parker…

LES ENFANTS, A TABLE !

Il y a trois ans on découvrait à la Quinzaine des réalisateurs Ne nous jugez pas, film d'horreur mexicain sur une famille qui... n'en dévoilons pas trop. Et si le long métrage de Jorge Michel Grau a fait le tour des festivals, il nous reste surtout le souvenir d'un film-pitch, mal écrit et peu mis en scène. Si l'idée du remake culturel, où l'on prend un film "étranger" pour l'américaniser, nous sort par les yeux, force est de constater que Jim Mickle a malgré tout réussi son coup avec ce We Are What We Are. Il y avait beaucoup de place dans le film original pour faire mieux, et Mickle y parvient sans mal. Si Stake Land, son long métrage précédent racontant une errance post-apocalyptique, avait quelques défauts, il permettait d'entrevoir également de vraies qualités que Mickle confirme ici.

Contrairement à une bonne partie de l'horreur américaine mainstream, Mickle filme des personnages. Il ne tient pas le spectateur par la main pour lui montrer ce qu'il doit comprendre, ne le pousse pas dans le dos pour lui faire peur. Il y a en somme une façon adulte de traiter le genre, et son public avec. S'il y a un surprenant flash-back dans We Are What We Are, celui-ci a davantage un rôle métaphorique. Lors d'un montage parallèle, Mickle mêle images du 18e siècle et images d'aujourd'hui. Et les traces de temporalité s'effacent peu à peu. A travers le genre et son expression la plus sanglante, Mickle parle d'une autre violence: celle de l'intégrisme religieux, de l'obscurantisme forcené. L'élégance de la première partie éclate en morceau jusqu'à un splendide finale grand-guignol. L'amoralité jusqu'ici dissimulée est mise sur la table et la folie de ce clan tache la nappe. Mickle sait écrire, sait mettre en scène, et sait installer un climat captivant. We Are What We Are prend des allures de conte de fées hors du temps avec ses faons perdus dans les bois, ses rivières d'ossements humains, ses blondes jeunes filles prisonnières d'un ogre. Poétique et macabre, We Are What We Are est un succès total.

S'il s'agit d'un nouveau choix bien vu de la part de la Quinzaine des Réalisateurs, rendons à César ce qui lui appartient: depuis quelques années, c'est à Sundance que se trouve le meilleur de ce qui se fait actuellement dans l'horreur. Avant We Are What We Are, présenté cette année, des films aussi audacieux et passionnants que Excision ou The Woman y avaient été dévoilés. A l'heure où l'horreur qui sort en salles pâlit, il y a heureusement des jeunes cinéastes du genre qui donnent des raisons d'espérer.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires