Tom à la ferme

Tom à la ferme
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Tom à la ferme
Canada, 2013
De Xavier Dolan
Scénario : Xavier Dolan
Avec : Xavier Dolan
Durée : 1h35
Sortie : 16/04/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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Un jeune publicitaire voyage jusqu'au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l'honneur de leur famille, une relation toxique s'amorce bientôt pour ne s'arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu'en soient les conséquences.

COMPLOT DE FAMILLE

Tom à la ferme surprend dans la pourtant courte filmographie de Xavier Dolan. Alors que ses longs métrages précédents prenaient la voie d’une flamboyance exponentielle, culminant dans le titanesque mélo Laurence Anyways, ce nouveau film fait preuve d’une sobriété inattendue. Cette concision, somme toute relative, est autant celle du récit (unité de lieu, de temps et de personnages) que celle de la mise en scène, moins riche en artifice émouvants (ralentis, filtres...). Si, dans Laurence Anyways, la mise en scène participait autant (voire plus) que le scénario à donner toute sa dimension à l’accomplissement du héros éponyme, toute la place semble ici avoir été laissée au poids du texte d’origine. Tom à la ferme est l’adaptation de la pièce de théâtre du même nom, signée du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, et l’on peut dire du travail de Dolan qu’il est une bonne adaptation… d’une pièce qui possède ses défauts.

En premier lieu, le film est comme lesté par des conventions théâtrales dont l’arbitraire le prive de naturel et de fluidité : découpage du récit en gros blocs, nombre de lieux très réduits, enchaînement un peu convenu de face-à-face, prévalence des dialogues sur l’action pour traduire les émotions des personnages et l’articulation-même des étapes du récit... On sent l’écrit derrière chaque scène, alors que l’on préférerait l’oublier. Écrit qui manque également parfois de subtilité. La pièce de Bouchard a beau viser l’ambiguïté (celle des personnages, comme celle de la frontière entre séduction, manipulation et torture), elle le fait sans finesse particulière. Et lorsque la violence déboule, qu’elle soit verbale, psychologique ou physique, c’est certes avec force, mais sans souplesse.

Et pourtant Tom à la ferme vaut bien mieux que ça. On distingue çà et là une bizarrerie qui est à la fois la respiration et la singularité du film. L’huile qui manquait aux rouages de ce suspens familial pour les faire tourner à plein régime, c’est précisément ce que Dolan apporte. En collant sur des scènes à priori normales une musique échevelée aux violons angoissants et tourbillonnants (on pense à la technique d’Hitchcock consistant à filmer les scènes d’amour filmées comme des scènes de mises à mort, et vice versa). En variant parfois brutalement les échelles de plan - l’irruption d’un très gros plan sur un visage maternel stressé amène bien plus d’angoisse que tous les autres éclats de violence du film. En ayant même le culot de changer carrément le format de l’image à l’intérieur-même d’une séquence, clin d’œil cinématographique dont l’artifice n’empêche pas la fulgurance. Ce n’est pas le dernier paradoxe de ce film, peut-être moins dérangeant qu’il ne cherche à l’être, mais pas si classique qu’il n’y parait.

par Gregory Coutaut

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