There Will Be Blood

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There Will Be Blood
États-Unis, 2008
De Paul Thomas Anderson
Scénario : Paul Thomas Anderson d'après Oil ! d'Upton Sinclair
Avec : Paul Dano, Daniel Day-Lewis, Dillon Freasier, Ciarán Hinds
Photo : Robert Elswit
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 2h18
Sortie : 27/02/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils, H.W., à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire. Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... et le pétrole.

LA SOIF DE L’OR NOIR

Les premiers accords inquiétants de There Will Be Blood semblent annoncer un film d’horreur, et c’est bien de vampirisme dont il est question dans le nouveau film de Paul Thomas Anderson, le petit prodige de Magnolia. Une horreur en sous-texte, histoire de l’Amérique perverse où le flux du pétrole et celui du sang se confondent en une même soif déraisonnée, celle d’un Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis, inouï, faramineux, incroyablement hanté) que l’on observe, déjà possédé, lors des dix premières minutes du film, muettes, s’acharnant à creuser la terre sèche pour en faire jaillir l’or noir, trésor dont il macule sa main pour la jeter au ciel comme une offrande divine, ou un défi lancé d’un démiurge à un autre. Histoire de l’Amérique, et récit d’une quête avide de pouvoir, dévorée par ses volutes, qu’il s’agisse des derricks éructant leur gloire noirâtre, jusqu’à ce que le pétrole s’enflamme et rende sourd, ou d’une église déployant ses tentacules, aspiration incarnée par un prédicateur forcené (Paul Dano, découvert dans Little Miss Sunshine). Le pouvoir par l’or noir ou la foi immaculée, qu’Anderson filme avec son sens habituel de l’outrance et de la démesure: à la pluie de pétrole répondra la farce du baptême, jusqu’au face à face final, bouffonnerie mortelle sur un terrain de jeu désolé.

Mais derrière la ruée du pétrole, prétexte quasi archétypal et paysage mythique, Anderson ne lâche pas ses obsessions, peignant le mausolée saccagé de la famille, faisant du dernier duel père-fils un véritable climax, morceau soufflant de cruauté et de malaise, un sentiment qui sous-tend un peu tout le long métrage, des mystères autour de la mère absente à l’apparition étrange du faux frère, jusqu’à la scène d’abandon dans le train. Cette soif, ces fondations tremblantes de l’Amérique, dans cette fresque qui parcourt les années, ressemblent à une fuite éperdue, une échappée ivre comme expression de la misanthropie d’ogre de son héros. Daniel Plainview, ou la figure fascinante et tragique d’une autodestruction, rise and fall jusqu’à la décadence d’années folles qui n’apparaissent qu’en décor sourd et lointain d’une descente aux enfers. Le manoir de Plainview est un champ de bataille abandonné, une forteresse coupée du monde, un château de Dracula qui n’aurait même plus besoin de se rassasier en sombre hémoglobine, vaisseau fantôme d’une grandeur abîmée dans la démence. La démonstration est parfois un peu glaciale mais peu de réalisateurs aujourd'hui peuvent rivaliser avec autant de panache.

par Nicolas Bardot

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