The Voices

The Voices
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Voices (The)
France, 2014
De Marjane Satrapi
Avec : Gemma Arterton, Ryan Reynolds, Jacki Weaver
Durée : 1h43
Sortie : 11/03/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona - la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire - du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments...

LES VOIX DE SON MAITRE

The Voices fait partie de ces films qui s’apprécient d’autant mieux si on en sait le moins possible en entrant dans la salle ; aussi, si vous voulez vivre l’expérience à fond, nous ne saurions que trop vous conseiller d’arrêter votre lecture ici et de vous précipiter dans la salle la plus proche sans faire d’histoires.

Encore là ? Vous l’aurez voulu… En deux mots, The Voices, c’est l’histoire de Jerry, un brave gars qui vit dans une sorte de Disneyland permanent, un monde où tout est propre et pimpant, plein de papillons chatoyants, où rien n’est jamais grave puisque son chien et son chat ont les réponses à tous ses tracas. Jerry est un schizophrène qui vit dans sa bulle bleue, et quand il prend le traitement censé le maintenir en phase avec la réalité, celle-ci lui apparaît tellement sale, triste et vide qu’il est bien incapable de la supporter. Alors il arrête, et tout bascule.

Après le carton de Persépolis, et les échecs consécutifs de Poulet aux prunes et de La Bande des Jotas, Marjane Satrapi prend un virage à 180° en se frottant pour la première fois à un scénario qu’elle n’a pas écrit, et dans une tonalité radicalement différente de tout ce qu’elle a pu entreprendre jusqu’ici. Ce n’est pas la première personne à laquelle on penserait spontanément pour cette histoire, mais son approche visuelle et narrative se marie à la perfection avec l’angle choisi pour aborder le sujet. Face à un savant mélange entre comédie, horreur, romcom et drame, le tout parfois même au sein d’une même scène, elle trouve toujours le ton juste. D’un découpage exemplaire, qui tout comme les subtiles variations chromatiques de l’image illustre à la perfection le tumulte qui se joue dans la tête de Jerry, à l’utilisation remarquable de ses décors, et un vrai sens du rythme, Satrapi signe une mise en scène brillante, qui transcende chaque ligne du scénario, épaulée en cela par un Ryan Reynolds totalement habité.

Si on l’a connu totalement miscast et mauvais comme un cochon dans des projets douteux du type Green Lantern, Ryan Reynolds est ici absolument parfait. L'acteur passe en une seconde du gentil simplet, incarnation même de l’innocence, au type totalement vide et malaisant, en ayant l’air si désespéré l’instant d’après qu’on le prendrait dans ses bras pour le réconforter, le tout avec un incroyable sens de la nuance, qui rend son Jerry terriblement attachant : même dans ses pires moments on reste de son côté, prêt à l’aider, à tout lui pardonner. Ajoutons que Reynolds double lui-même tout le bestiaire du film ; toutes les voix qui hantent son personnage sont en toute logique les siennes. De Psychose à Schizophrenia en passant par Fight Club, les films sur le mental qui part en vrille ne manquent pas, mais avec The Voices, c’est bien la première fois que le sujet est traité de la sorte, comme une comédie extrêmement efficace dans laquelle se larve une détresse absolue, où les chiens ne sont pas très malins et les chats font la loi.

Olivier Sarrazin

par Palpix

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