The Sparks Brothers

The Sparks Brothers
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The Sparks Brothers
Royaume-Uni, 2021
De Edgar Wright
Durée : 2h20
Sortie : 28/07/2021
Note FilmDeCulte : ****--
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The Sparks Brothers est une odyssée musicale qui raconte cinq décennies à la fois étranges et merveilleuses avec les frères/membres du groupe Ron et Russell Mael, qui célèbrent l’héritage inspirant des Sparks : le groupe préféré de votre groupe préféré.

RON & RUSSELL MAEL VS. THE WORLD

Quand on ne connaît pas le groupe qui lui sert de sujet, ce qui attire l'attention sur The Sparks Brothers, c'est son réalisateur, Edgar Wright. Mais quand bien même apprécie-t-on ses films, a-t-on envie de le voir faire un documentaire? Qui plus est sur un groupe dont on n'a jamais entendu parler? A posteriori, c'est justement la raison pour laquelle on se réjoui d'avoir franchi le pas. Parce qu'on a passé la séance à se demander comment on a pu passer à côté de 300 chansons semblablement taillées pour soi. En quelque sorte, c'est précisément la question que pose le film. Comment un groupe avec 50 ans d'existence durant lesquels ils n'ont jamais été absents plus de 6 ans ne fait pas davantage partie de la culture populaire? Comment un groupe que des musiciens réputés disent citer dès lors qu'ils parlent de musique ne peut être aussi connu qu'eux? Sparks est si peu connu du grand public que même un mélomane pourrait penser que le film de Wright est un documenteur à la Spinal Tap sur un groupe fictif ayant eu une influence majeure sur l'histoire de la musique, sorte d'hommage ultime du cinéaste à l'importance de la pop. Si le film s'attardait à démontrer par A+B, à grands renforts d'extraits comparatifs, comment Sparks a pu inspirer d'autres groupes, il est vrai qu'on aurait flirté avec le délire d'un Forgotten Silver mais ce documentaire n'a pas d'objectif si vindicatif. Et surtout, il n'a pas besoin de forcer le trait, la réalité dépassant la fiction. En réalité, The Sparks Brothers a bel et bien sa place dans la filmographie du cinéaste comme nouveau récit d'anti-conformisme.

S'étalant sur 2h20, qui passent toutefois comme une lettre à la poste, The Sparks Brothers ambitionne de raconter avec exhaustivité la naissance et l'évolution de ce groupe et s'il le fait via des témoignages face caméra et des images d'archives et des reconstitutions animées plutôt scolaires, avec quelques saillies amusantes toutefois, le seul parcours improbable du groupe à travers les années et surtout à travers les genres suffit à porter le film. Au fur et à mesure que le documentaire déroule son programme et voit le groupe vivre avec son temps, suivant les modes mais sans servir la soupe et devant lutter contre l'oubli, le véritable cœur du sujet se fait apparent. En fin de compte, il est évident que Wright se soit intéressé à l'histoire du groupe, au-delà de son appréciation de leur musique, parce que The Sparks Brothers est, comme tous les films de l'auteur, le récit d'une lutte contre le conformisme. Les zombies comme allégorie du monde adulte des travailleurs dans Shaun of the Dead, les comploteurs de la petite ville de Hot Fuzz qui veulent garder une image de perfection et tuent quiconque détonne, les body snatchers du Dernier pub avant la fin du monde qui favorisent l'esprit de ruche aplanissant tout à l'humanité erratique, chez Edgar Wright, l'ennemi c'est le moule. Même Baby Driver célébrait la musique intérieure qui guide tout un chacun. Et donc Ron & Russel Mael, deux frangins contre le monde, un simili-Marc Bolan au chant et un muet à moustache d'Hitler au clavier, traversent les années en s'aventurant toujours hors de leur zone de confort sur d'autres terrains musicaux, du punk à l'electro en passant par le synthé des années 80, mais sans jamais perdre leur identité ni céder aux concessions commerciales, leur répondant même parfois avec ironie directement par leurs chansons. Leur arme, c'est leur art, la pop même quand elle n'est pas aussi populaire que les autres. De Shaun et Ed se défendant avec des vinyls à Scott Pilgrim qui se bat contre les ex de sa meuf comme dans un jeu vidéo en passant par Nicholas Angel devant s'inspirer de Bad Boys II pour lutter contre les fachos, le cinéma d'Edgar Wright est habité de héros utilisant la pop culture pour combattre une certaine doxa. Les frères de Sparks ne dérogent pas à la règle.

par Robert Hospyan

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