DVD: The Mirror

DVD: The Mirror
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Mirror (The)
Oculus
États-Unis, 2014
De Mike Flanagan
Durée : 1h45
Note FilmDeCulte : *****-
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Après avoir passé dix ans en institut psychiatrique, Tim Russell, la petite vingtaine, retrouve la liberté. Alors qu’il souhaite tirer un trait sur la mort violente de ses parents – le traumatisme à la source de son internement –, sa sœur Kaylie lui rappelle qu’ils s’étaient autrefois promis d’enquêter sur les causes mystérieuses de ce drame. Elle achète alors le miroir qui, selon elle, aurait précipité leurs parents dans une démence des plus diaboliques…

MIROIR NOIR

A première vue, Oculus (retitré par le très plat et lambda The Mirror pour son exploitation française) ressemblait à ces productions d’horreur industrielle américaine, ces films-pitch attrape-cash qui, d’Annabelle à Ouija, sont une sorte d’équivalent filmique à une gastro-entérite. Balayez vos doutes : Oculus, par ailleurs accompagné d’un solide buzz, est tout le contraire. Le film de Mike Flanagan est plutôt à classer du côté des récentes réussites américaines du genre telles que Conjuring ou celles des jeunes indés, de Ti West à Lucky McKee. Une horreur narrativement ambitieuse et qui ne prend pas son public pour des imbéciles : ça n’est pas ce qu’on voit le plus dans les salles de cinéma. Ca ne rend cet Oculus que plus précieux.

Pas de musique lourdement tartinée pour ponctuer les scènes horrifiques, pas (ou presque) de jump-scares pour combler les lacunes de la mise en scène ou de l’écriture. Flanagan a une haute idée du genre et n’a pas besoin d’artifices pour impressionner. C’est d’abord la structure audacieuse de Oculus qui frappe. Réussir avec une telle maestria ce va-et-vient narratif, ces scènes où passé et présent cohabitent en un mouvement de caméra (au point de flirter, le temps de quelques séquences, avec le paradoxe temporel) était un challenge. Il est parfaitement relevé. La mise en scène et le montage parviennent à coller au plus près de la perception des personnages, enjeu majeur de cette histoire de passé à affronter et de point de vue malmené par une mystérieuse force surnaturelle. Il y a, en prime, l’excitation de voir une histoire racontée autrement, et avec panache.

L’objet inquiétant en question est un miroir. Comment, en termes cinématographiques, un miroir peut-il menacer, immobile et accroché au mur ? Là encore, Flanagan ne cède pas à la facilité. Un travelling compensé vient traduire la sombre fascination suscitée par le miroir mais la plupart du temps, celui-ci inquiète tout simplement parce qu’on croit à ce qu’on nous raconte. Le minimalisme soigné d’Oculus paye. Et il y a quelque chose d’épatant à voir tenir parfaitement debout une très longue scène qui semble impossible sur le papier : deux personnages, une pièce, et une explication détaillée de tous les drames liés à l’objet maudit. Ce serait tout à fait plat ailleurs, c’est excitant et stimulant ici – notamment grâce à la prestation convaincante de Karen Gillan (vue récemment dans Dr Who) face à un Brenton Thwaites qui, avec ses avant-bras de body-builder, peine davantage à incarner ce frérot sorti d’un institut psychiatrique. Il y a les films où des tonnes de péripéties se passent à l’écran pour faire oublier qu’en réalité, il ne se passe rien. Ici, c’est tout le contraire : on est accroché à ce minimalisme qui gronde, à ces fantômes d’autant plus effrayants qu’ils sont hiératiques, des ombres noires aux yeux de chat brillant dans la nuit comme les lugubres spectres d’un yurei eiga. Cette retenue et la froideur du ton installent un climat délicieusement glauque et inquiétant. La structure sophistiquée renforce, elle, cet effet de tourbillon : l’horreur d’Oculus est réelle, et ses personnages semblent prisonnier d’un cauchemar noirissime dont ils ne se réveillent pas.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

The Mirror vient de sortir en DVD chez TF1 Vidéo.

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