The Master

The Master
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Master (The)
États-Unis, 2010
De Paul Thomas Anderson
Scénario : Paul Thomas Anderson
Avec : Amy Adams, Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman
Photo : Robert Elswit, Mihai Malaimare Jr
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 2h17
Sortie : 09/01/2013
Note FilmDeCulte : *****-
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master
  • The Master

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...

WHO'S THE BOSS ?

Avant Lancaster Dodd (magistralement interprété par Philip Seymour Hoffman), on a déjà croisé un gourou dans la filmographie de Paul Thomas Anderson: Frank Mackey, apôtre du sexe dans Magnolia. Mais le gourou flamboyant interprété par Tom Cruise qui exhortait la foule à "respecter la bite" était un colosse en papier et s'affaissait ensuite, détruit par quelques petites questions, en larmes au chevet de son père. L'ascension du gourou de la Cause dans The Master, mystérieux mouvement né au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, ne connaît aucun accroc. The Master ne raconte pas son rise & fall, ne parle pas tant que ça, comme évoqué à l'annonce du projet, de la Scientologie. The Master parle plutôt d'un de ses fidèles, et à travers lui de l'Amérique, comme le faisait There Will Be Blood et son chercheur de pétrole joué par un Daniel Day-Lewis possédé. Nombre de films ces dernières années se sont penchés sur les traces de la guerre en Irak chez les soldats américains, dont le plus emblématique est Démineurs de Kathryn Bigelow. Anderson rembobine et raconte une période bien particulière de l'Amérique: le boom économique traversé par le pays, le vide laissé dans la tête des soldats revenus, et l'émergence de mouvements spirituels séduisant ceux qui ne croient plus en rien.

On est souvent dépendant d'un autre dans le cinéma de Paul Thomas Anderson. De Magnolia à Punch-Drunk Love, on croise des dépendances affectives et amoureuses. Dans The Master, cette dépendance est d'un autre ordre. Freddie (Joaquin Phoenix), vétéran du Pacifique, n'a "jamais marché droit dans cette vie". Il trouve un pygmalion qui le révèle, l'autre trouve un fils spirituel. Mais rien n'est jamais évident chez Anderson, et surtout rien ne va jamais de soi dans The Master. La dépendance passe par l'affrontement, combat de coq avec soi même et avec le monde. Dans Magnolia, la révolution intérieure des personnages était si forte qu'elle pouvait déclencher une pluie de grenouilles sur la ville. Rien de ça ici, pourtant il y a une révolution en Freddie, qui s'exprime jusqu'ici essentiellement avec ses poings. Paul Thomas Anderson sait mettre en valeur ses comédiens comme peu d'autres. Certes, Phoenix charge trop. Mais les luttes verbales, les yeux dans les yeux, entre les deux personnages principaux, comptent parmi les scènes les plus spectaculaires de l'année. Sans super-héros ni explosion. Anderson n'est pas dans la mise en scène ostensible, la patine clinquante. Ses longs plans-séquences suivant l'errance de Freddie servent ce dernier, sont dans le nerf du sujet. Le nerf: The Master dure près de 2h20 mais file à toute allure.

Il a souvent été question de prétention, ici ou là, au moment de qualifier le cinéma d'Anderson. C'est vrai, ce dernier ne fait pas de jolis films polis avec Isabelle Carré. Mais il y a paradoxalement quelque chose d'hyper ambitieux dans The Master et de très humble. Le film n'est jamais dans la démonstration, formelle ou thématique. Laisse des trous et des silences. Bien qu'un peu froid, The Master est une nouvelle preuve brillantissime de son talent, un exemple de plus en plus rare de cinéma hollywoodien aussi éblouissant qu'exigeant.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires