Still Walking

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Still Walking
Aruitemo, Aruitemo
Japon, 2008
De Hirokazu Kore-Eda
Scénario : Hirokazu Kore-Eda
Avec : Hiroshi Abe, Yoshio Harada, Kirin Kiki, Yui Natsukawa, Kazuya Takahashi
Photo : Yutaka Yamakazi
Musique : - Gontiti
Durée : 1h54
Sortie : 22/04/2009
Note FilmDeCulte : *****-
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Une journée d'été à Yokohama. Une famille se retrouve pour commémorer la mort tragique du frère aîné, décédé quinze ans plus tôt en tentant de sauver un enfant de la noyade. Rien n'a bougé dans la spacieuse maison des parents, réconfortante comme le festin préparé par la mère pour ses enfants et ses petits-enfants. Mais pourtant, au fi l des ans, chacun a imperceptiblement changé...

A l'ombre des cerisiers en fleurs

Après s'être frotté au film de samouraï (Hana, très beau film, hélas toujours inédit en France), le réalisateur japonais s'essaie à un nouveau registre typique du cinéma nippon, la chronique familiale douce-amère. Hirokazu Kore-Eda ne cache pas ses influences. Si l'on pense immédiatement à Yasujiro Ozu (Voyage à Tokyo), pour les décors en intérieur et cette façon si délicate d'aborder les sentiments, l'auteur de Nobody Knows ne cache pas son admiration pour l'œuvre de Mikio Naruse (Nuages flottants). S'il n'est pas directement autobiographique, même si le point de départ du film est la mort de la propre mère de l'auteur, Still Walking est peut-être le film le plus personnel de son auteur, le plus simple aussi, sur le plan narratif. Sans l'air d'y toucher, sans jamais forcer le trait, Kore-Eda brosse le portrait de personnages frappés par un deuil impossible à surmonter. Si Ryota s'oppose toujours aussi farouchement à son père, c'est que ce dernier n'a jamais accepté la mort tragique de l'aîné, qui devait lui succéder à son cabinet médical. Quant à Toshiko, la mère de Ryota, elle poursuit toujours les papillons de nuit dans l'espoir qu'ils soient la réincarnation de son enfant perdu. La beauté du film s'installe dans les silences et les regards, les non-dits et les soupirs. L'orage menace toujours d'éclater, au sens propre comme au sens figuré, comme si la colère de perdre un être cher empêchait de trouver un nouvel équilibre au sein de la cellule familiale, mais les nuages noirs finissent toujours par être chassées par les rires de Chinami, la soeur de Ryota, véritable bulle d'oxygène ou les facéties d'Atsushi, le fils de Yukari, l'épouse remariée de Ryota. Si celle-ci n'est pas pleinement acceptée dans le cercle intime que forment les survivants au drame, elle apporte un vrai contre-point sensible à Ryota. Still Walking aborde aussi - et magnifiquement - le besoin de s'affranchir de sa famille pour fonder la sienne, de devenir enfin adulte et responsable. Sans effet de style particulier, Hirokazu Kore-Eda emballe sa chronique familiale avec élégance. On pense parfois à Un Conte de Noël d'Arnaud Desplechin, la férocité en moins, l'amour en plus. Les films les plus beaux sont parfois les plus simples.

par Yannick Vély

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