Sous toi, la ville

Sous toi, la ville
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Sous toi, la ville
Unter Dir die Stadt
Allemagne, 2010
De Christoph Hochhaüsler
Scénario : Christoph Hochhaüsler, Ulrich Peltzer
Avec : Robert Hunger-Buhler, Nicolette Krebitz
Photo : Bernhard Keller
Musique : Benedikt Schiefer
Durée : 1h50
Sortie : 15/12/2010
Note FilmDeCulte : *****-
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Roland, un banquier influent installé au sommet d’une tour d’un quartier d’affaires, rencontre par hasard Svenja lors d’une exposition d’art contemporain. Cet homme de pouvoir est violemment attiré par la jeune femme, dont l’époux travaille pour lui, à un étage inférieur...

ON TOP OF THE CITY

Cet hiver voit sur nos écrans les sorties rapprochées de plusieurs films issus de la nouvelle génération de réalisateurs allemands (Everyone Else, L'étranger et moi…). Christoph Hochhaüsler a justement été l’un des premiers cinéastes de cette nouvelle vague à être repérés chez nous, grâce à son premier film Le Bois Lacté. Un peu surestimé à l’époque, le film annonçait sans le savoir ce qu’on appelle désormais l’école Berlinoise. Aujourd’hui, le troisième film de Hochhaüsler nous montre que son cinéma a beaucoup gagné en rigueur et en fluidité, faisant sienne les qualités d’écritures récurrentes de toute cette nouvelle école. Mais Sous toi, la ville n’en est pas seulement un très bon exemple de plus, et parvient sans cesse à trouver son ton propre, à exister par lui-même. Soit donc l’histoire de Roland, PDG d’une grande entreprise, qui tombe amoureux de la femme d’un de ses employés. Histoire d’adultère à priori banale, mais dont la routine se retrouve heureusement malmenée par un scénario qui ne va jamais là où on l’attend. En zappant les scènes attendues et les clichés redoutés, tout en cherchant le réalisme le plus sobre à l’intérieur de chaque scène, Hochhaüsler parvient paradoxalement à créer une ambiance des plus étranges, à la fois pleine de tension et flirtant avec le bizarre en permanence, une menace sourde qui pèse tout au long du film sur ses personnages. Cela se traduit à l’écran par des scènes à la lisière du fantastique, comme lorsque l’héroïne recouvre de papier-bulle son mari endormi sur le canapé.

Tous comme l’ado solitaire de L’imposteur et la belle-mère du Bois lacté, les personnages de Sous toi la ville sont en apparence complètement perdus (elle suit des inconnues dans la rue jusque dans des toilettes, il paie pour jouer au voyeur), mais doivent, pour se sentir exister, exercer un pouvoir sur les autres en leur mentant, les manipulant…. Et se perdent dans le mensonge. Roland s’enferme paradoxalement dans sa solitude en faisant tout pour s’approprier Svenja, et celle-ci perdra tout en voulant vivre ses deux histoires à a la fois. Mais Hochhaüsler n’est pas un cinéaste moralisateur. La non-simplicité des rapports humains est insondable, dans l’entreprise comme en amour et partout ailleurs. Cette ambigüité dans les comportements de ses personnages à la fois perdus et puissants (chacun pense maitriser et/ou manipuler l’autre), au point de détruire eux-mêmes leurs histoires d’amour, est l’une des grandes qualités de ce film, à la photo superbe, qui joue en permanence sur l’idée de transparence, illustrée par les parois de verres transparentes qui permettent d’espionner tout autant qu’elles empêchent de se cacher et se retrancher, et la symbolique de cette tour de verre au milieu de la ville, où le personnage principal trône solitaire au dessus de son petit monde.

par Gregory Coutaut

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