Solo : A Star Wars Story

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Solo : A Star Wars Story
États-Unis, 2018
De Ron Howard
Scénario : Jonathan Kasdan, Lawrence Kasdan
Avec : Paul Bettany, Emilia Clarke, Alden Ehrenreich, Donald Glover, Woody Harrelson, Thandie Newton
Photo : Bradford Young
Musique : John Powell, John Williams
Durée : 2h15
Sortie : 24/05/2018
Note FilmDeCulte : ****--
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Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l’aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d’un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian… Ce voyage initiatique révèlera la personnalité d’un des héros les plus marquants de la saga Star Wars.

LE MEILLEUR PILOTE DE LA GALAXIE

Dès les premières séquences, malgré sa photographie bizarrement sous-exposée au départ, le film annonce la couleur, d'un gris mécanique comme sa facture. Pour le meilleur et pour le pire, Solo est le premier Star Wars à rappeler un Marvel. Ainsi note-t-on une certaine expertise indéniable dans l'exécution, un standard en-dessous duquel aucune des diverses composantes du film ne descend jamais vraiment mais au-dessus duquel l’œuvre peine à se hisser, manquant d'originalité et d'incarnation. Comme presque tout le monde sait, les réalisateurs initiaux, Phil Lord & Chris Miller (21 Jump Street, La Grande aventure Lego), furent remerciés alors qu'il leur restait encore cinq semaines de tournage. Appelé à la rescousse pour remplacer le tandem venu de la comédie et visiblement trop porté sur l'improvisation, Ron Howard, vieux briscard à la filmographie inégale, a retourné 70% du film et le résultat est parfaitement homogène et plus qu'honorable. Mais pouvait-il en être autrement pour un production aussi cadenassé?

À vrai dire, le terme de "produit" serait plus approprié et l'on y retrouve donc les mêmes qualités et défauts que dans les produits Marvel. L'une des grandes réussites de l'autre firme rachetée par Disney réside dans leur flair pour le casting. En tête figure Alden Ehrenreich, déjà remarqué dans Avé César! des Coen, qui relève cette tâche ingrate en parvenait à proposer une interprétation de Solo à la fois cohérente avec celle d'Harrison Ford et évidemment différente, plus amatrice mais non moins charismatique. En ce sens, il rappelle le Capitaine Kirk de Chris Pine dans le reboot de 2009. Aidé par une garde-robe au swag intestable, Donald Glover signe une prestation similaire. On retrouve par moments la voix grave et la diction de Billy Dee Williams et son Lando Calrissian, sans pour autant "voler la vedette" - la faute à une absence de scènes conçues pour qu'il brille - est plein de promesses. Les scénaristes disent en interview qu'ils en ont fait un personnage "pansexuel" mais, comme souvent récemment à Hollywood, c'est une déclaration hypocrite au vu du film qui ne fait que le suggérer.

Une promesse de plus, symptomatique de l'ensemble du film. Woody Harrelson et Emilia Clarke ne sont pas tant en deçà mais n'ont surtout pas grand chose à jouer et ne peuvent qu'offrir des prestations relativement superficielles, à l'instar du traitement général. Cette préquelle qui ne s'imposait pas a le mérite de réussir ses passages attendus (la rencontre avec Chewbacca, la rencontre avec Lando et, dans une moindre mesure, le Kessel Run) et pose des bases inattendues et intéressantes pour la suite mais l'arc du protagoniste - découvrez comment Solo en est venu à préférer faire les choses en solo! (passons sur la justification du nom aussi inutile qu'expédiée) - ne transcende jamais sa prévisibilité à cause d'une développement fonctionnel.

Une fonctionnalité qui traverse le film, de la mise en scène impersonnelle mais efficace, notamment lors des scènes d'action, sans éclat mais qui font le boulot souvent grâce au décor (cf. l'attaque de train de western version SF), jusqu'au scénario, carré donc mais qui ne raconte pas grand chose, réussissant son fan service et son humour - la camaraderie Han/Chewie marche du tonnerre - mais allant trop vite pour que les séquences dramatiques aient un réel poids et que les bonnes idées, comme le personnage du droïde femelle, L337, avec son déhanché et sa lutte, original mais trop peu présent, puissent pleinement exister. La seule réelle identité, et donc particularité, du film est dans son genre, évitant pour la première fois le film de guerre pour donner dans le western/film de voleurs, et dans la photographie de Bradford Young, séduisante dans ses gris/bruns obscurs et racés.

Pour citer des exemples d'origin stories nées de licences surannées, Batman Begins et Casino Royale ne réinventaient pas la poudre mais exploraient plus profondément leurs héros et incarnaient leurs thématiques dans le récit. À côté, Solo est bien plus léger. Sincèrement sympathique mais un peu oubliable. Lorsque Disney racheta Lucasfilm et annonça la sortie d'un Star Wars par an, la crainte n°1 était de voir la saga devenir à ce rythme un non-événement. Comptons sur Rian Johnson et David Benioff & D.B. Weiss (Game of Thrones) pour proposer des choses plus originales et incarnées dans leurs trilogies respectives parce que ce n'est pas avec des spin-offs sur Lando et Obi-Wan qu'on va avancer. Dans l'absolu, il n'y a pas de mauvaise idée, seulement de mauvais traitements, mais la démarche en soi trahit une paresse et une absence de prises de risque qui se traduit ensuite dans les choix de réalisateur. Là où les entreprises risquent l'uberisation, les univers partagés risquent la marvelisation. Et Solo est juste un bon pilote.

par Robert Hospyan

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