Polisse

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Le quotidien d'un groupe de policiers, à la brigade de protection des mineurs de Paris. Les gardes à vue de pédophiles, la pause déjeuner où on se raconte ses problèmes de couple, les arrestations de pickpockets roumains, la difficulté de parler avec son conjoint de son travail, l'audition d'un père maltraitant ou violeur, les dépositions des enfants, les célébrations des aveux d'un prévenu, les dérives de la sexualité chez les adolescents, la solidarité entre collègues pour venir en aide à tous les mineurs de Paris, les fous rires incontrôlables dans les moments les plus durs. Comment ces flics parviennent-ils à trouver l'équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés quotidiennement ?

LA BRIGADE DES ENFANTS PERDUS

Le pari de Polisse, capturer le quotidien de la brigade de protection des mineurs, n'était pas aisé. Mais dès son premier long métrage en tant que réalisatrice, Pardonnez-moi, journal intime craché caméra au poing, Maïwenn avait affiché une ambition brute, un appétit pour l'ovni confirmé par le plus frivole Le Bal des actrices, le tout assez biscornu pour ne rentrer dans aucune case. Quitte, parfois, à passer en force. Polisse n'est pas exempt de défauts: un générique sur L'Île aux enfants un peu de mauvais goût, un finale un peu artificiel, ou le rôle que se confie Maïwenn, superflue en observatrice redondante qui effectue un reportage photo - on a la même désagréable impression que dans Le Bal des actrices où Maïwenn derrière la caméra se devait d'être aussi devant la caméra avec une certaine hauteur et distance par rapport aux autres personnages. Malgré ces quelques réserves, Polisse est une grande réussite, pas seulement parce que la France a pendant des années été hantée, rayon fliqueries, par les soupes de Corinne Touzet, mais surtout parce que la cinéaste parvient à traiter d'un sujet fort, aux séquences parfois déchirantes (une gamine les larmes dans les yeux expliquant que son père "l'aime trop", un garçon confié à un foyer et séparé d'une mère qui s'est fait une raison), tout en insufflant sa personnalité, sa sensibilité, sa patte: Polisse ne joue pas la carte du bien-pensant drapé dans sa toge d'indignation mais n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis.

Car Polisse, s'il est un film sur les violences quotidiennes faites aux enfants, est aussi un film sur le groupe, sur ses tensions, sa beauté, ses torts et son éclat, l'humanité en déborde et il en fallait pour ce récit d'âmes et jeunes corps déjà abimés. Basé sur des cas réels, le film brasse le cliché comme la contradiction, aberrations et ambiguïtés, en un long souffle quasi ininterrompu de plus de deux heures. L'un des attraits du long métrage, aussi, réside en son sens du casting et sa direction d'acteurs. On sentait déjà dans les précédents films de la réalisatrice une envie de jouer avec les lignes du documentaire tout en faisant de la fiction. A la brigade de protection des mineurs, on ne retrouve pas un défilé d'inconnus facilitant l'immersion, mais un casting de stars parachutées dans ce quotidien-là: Karin Viard, Joey Starr ou Marina Foïs. Et ce mélange, une nouvelle fois, prend. Les dépositions documentaires se succèdent, les têtes de fiction sont là, et un registre sert l'autre, le pénètre, ils se renforcent plus qu'ils ne s'annulent. Polisse n'est pas moins crédible qu'un pur documentaire tel que Commissariat, sorti en salles l'an passé, et parvient à la fois à être exigeant et populaire. On n'attendait pas forcément la réalisatrice si haut si vite, ce long métrage est une excellente nouvelle.

par Nicolas Bardot

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