Passion

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Passion
États-Unis, 2012
De Brian De Palma
Avec : Rachel McAdams, Noomi Rapace
Sortie : 13/02/2013
Note FilmDeCulte : ****--
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Christine dirige la filiale d’une grosse agence de publicité. Elle est élégante, puissante, fascinante. Isabelle son assistante, lui est totalement soumise. Par perversité, par jalousie, ou simplement par jeu, Christine manipule Isabelle. A moins que ce ne soit le contraire...

FRUITS DE LA PASSION

Qu’est-ce qui a bien pu intéresser Brian de Palma dans Crime d’amour ? Du nanar d’Alain Corneau, on se souvient essentiellement d’une redoutable esthétique de téléfilm, de ses flashbacks aussi kitsch qu’une pub diffusée sur IDF1, ou du jeu incroyable de Ludivine Sagnier en mode AB Productions (pour lire un autre avis sur le film, cliquez ici). Il y a pourtant, dans la trame de Crime d’amour, l’ADN de certaines des meilleures réussites du maître. En tout cas, ses réussites les plus juteuses. Manipulation et vengeance, thriller vénéneux et touches sexy. On simplifie, certes, ce qui fait la richesse d’un des plus grands réalisateurs américains de ces quarante dernières années, mais vu de l’extérieur, Passion s’annonçait comme un terrain de jeu idéal pour De Palma après l’adaptation-défi du Dahlia noir ou le pari Redacted.

« You need some color », lance Christine (Rachel McAdams) à Isabelle (Noomi Rapace). On a l’impression que Brian de Palma s’adresse au film original, qu’il va devoir maquiller et rehausser. Lui mettre un peu de rouge aux joues. Pas de fausse retenue ici: le crime d’amour dans le film original était à peine esquissé, la tension lesbienne évacuée sous le tapis, et Corneau avait déjà fait la même chose sur son adaptation de Stupeur et tremblements où tout le sous-texte du livre d’Amélie Nothomb était passé à l’as. Brian de Palma y va à fond les ballons avec son intrigue sexuée. Et il n’y a que lui pour atteindre ce point périlleux de sublime et de kitsch où l’on filme une femme en porte-jarretelles tandis que résonne un saxophone.

Mais comme dans Body Double, film impensable, fascinant, excitant à mort et kitschissime en diable, ce n’est pas le simple fait d’être outré qui rend Passion réussi. C’est, comme dans les meilleurs films de De Palma, cette absence de crainte du ridicule et cet élan grandiloquent qui rendent ses intrigues réjouissantes, où les sentiments extrêmes des personnages explosent à l’écran. L’univers froid et coincé de Passion se déride, comme lors de ce défilé de mode collet monté où un mannequin finit par se casser la gueule. Pourtant, Passion n’atteint pas le niveau astral des Pulsions ou Body Double. Le script original bêta reste bêta, la tonalité froide de la photo signée José Luis Alcaine (collaborateur d’Almodovar) rend parfois le film un peu trop terne là où on l’aurait rêvé bouillant, et Passion, dans la filmo de De Palma, est peut-être un peu creux.

Mais le jeu en vaut la chandelle. La grammaire cinématographique du réalisateur offre encore quelques beaux morceaux, comme cette séquence où l’intrigue scabreuse se frotte en split-screen à une séquence de ballet, les yeux dans les yeux. Par l’utilisation de la musique de Pino Donaggio. Par son duo d’actrices, McAdams jouant avec un plaisir évident le rôle d’une poupée-peste, Rapace interprétant avec une opacité rappelant sa prestation de Babycall un faux rôle ingrat. Parce qu’il reste des choses uniques que vous ne verrez pas ailleurs, comme un suspens au cordeau qui repose sur une question aussi insensée : l’orteil sera-t-il assez souple ?

par Nicolas Bardot

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