Party Girl

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Party Girl
France, 2014
De Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis
Durée : 1h35
Sortie : 27/08/2014
Note FilmDeCulte : *****-
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Party Girl parcourt l’existence d’Angélique, soixante ans, entraîneuse dans un bar de nuit, qui aime encore la fête et les hommes mais qui, devenue la doyenne, se sent en fin de course. Sur un coup de tête, elle accepte d’épouser Michel, son client régulier...

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Premier long métrage de stars du court récompensées à Clermont Ferrand comme aux César, Party Girl a eu une place d'honneur dans la sélection officielle en ouvrant la section Un Certain Regard - un créneau réservé ces dernières années à des pointures du cinéma mondial telles que Sofia Coppola ou Gus Van Sant. Cette année, coup de projecteur sur la nouveauté même si formellement, cette Party Girl n'a rien de très révolutionnaire: du cinéma social (même s'il n'est pas que ça) filmé, pour simplifier, caméra à l'épaule comme on en voit régulièrement. La lumière de Party Girl est plus surprenante, rose, pop et chaleureuse, là où le décor modeste de l'est de la France aurait débordé d'un gris naturaliste chez d'autres cinéastes. Party Girl parvient malgré tout à ne pas se réduire aux limites de sa case.

Le long métrage a pour lui une héroïne en or. Angélique, 60 balais, a toujours une silhouette juvénile, un regard perçant qui brille autant que les paillettes sur son t-shirt de loup de nuit. Mais, de la même manière qu'un sujet politique fort ne suffit pas à faire un vrai film de cinéma intéressant (hormis pour ceux qui en ont une idée assez pauvre), le fait d'avoir une héroïne excentrique n'est pas la seule qualité de ce beau premier long. Les trois réalisateurs (dont deux réalisatrices) parviennent à trouver un équilibre quasi-invisible entre ce qui est fiction et ce qui est documentaire (ou qui, du moins, est tiré et rejoué du réel), entre ce qui est écrit et ce qui est improvisé. Cette écriture libre donne de l'air au film et de la chair aux personnages. De la même manière, la façon qu'ont les trois cinéastes de limiter les conflits évite à Party Girl quelques lourdeurs que d'autres n'auraient pas évitées. L'histoire et le personnage sont suffisamment forts pour qu'il n'y ait pas besoin de rajouter 36 péripéties. Et pourtant, l'histoire simple telle quelle parvient à être romanesque.

Au centre de ce romanesque, une héroïne comme vous en verrez peu. Car au-delà du personnage formidable qu'on a déjà évoqué, il y a aussi cette idée, plus grande qu'Angélique elle-même, d'une pression sociale à laquelle on résiste toute sa vie quitte à lui dire merde. Party Girl nous venge de tous ces portraits-de-femmes-dignes dont les héroïnes sont généralement des saintes passives empaillées. Angélique picole trop, a trop de bagues et trop de cheveux, a envie de s'envoyer en l'air avec des mecs-cagoles aux pectoraux musclés, bref un vrai portrait de femme indigne - et alors ? Elle n'est pas un animal en captivité, et le film a une façon de célébrer sa liberté malgré tout sans complaisance, sans condescendance mielleuse, mais avec autant de fierté et de naïveté qu'elle qui, à l'âge de la retraite, vit à fleur de peau comme si elle avait toujours 14 ans.

par Nicolas Bardot

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