Our Homeland

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Our Homeland
Kazoku no Kuni
Japon, 2012
De Yonghi Yang
Scénario : Yonghi Yang
Durée : 1h40
Note FilmDeCulte : ****--
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Yun Seong-ho arrive de Pyongyang, où il vit depuis 25 ans. Atteint d’un cancer incurable dans son pays, il obtient l’autorisation exceptionnelle de revenir quelques semaines au Japon, où vivent ses parents et sa sœur, pour suivre un traitement médical. Sous la haute surveillance d’un agent nord-coréen, les retrouvailles avec sa famille et anciens amis s’avèrent plus courtes que prévues.

PROTOCOLE FANTÔME

Après avoir débuté comme documentariste, la réalisatrice japonaise Yang Yonghi (lire notre entretien ici) signe sa première fiction avec Our Homeland, primé au dernier Festival de Berlin. Le film se penche sur un sujet assez inédit: le destin de Japonais d'origine coréenne partis en Corée du nord, présentée un temps comme un Eldorado, et qui n'ont jamais pu revenir au Japon. Our Homeland poursuit en fiction le geste des documentaires de Yang Yonghi consacrés à sa famille. Née à Osaka, Yang, fille d'immigrés coréens, a vu ses trois grands frères partir à Pyongyang lors du "projet du retour" initié par la Corée du nord. A cause de ses documentaires, la réalisatrice n'a plus le droit de se rendre en Corée du nord pour voir sa famille. C'est certainement de cette intimité avec le sujet que découle l'épure de Our Homeland, son austérité, son absence de sentimentalité sucrée. Our Homeland n'est pas un mélodrame où l'on s'épanche, plutôt une chape de plomb et un drame amer. Minimalisme de la musique, absence de sons d'ambiance, Yang Yonghi habille son film d'un silence de mort. Il ne s'agit pas pour autant de ce genre de cinéma autiste qui se cogne la tête contre le mur pour montrer qu'il a mal. Ce silence contraint, cette dépossession, sont le sujet même de Our Homeland.

Yun Seong-ho retrouve sa famille après 25 ans. Mais ces retrouvailles sont temporaires (il vient se faire soigner, puis repart) et sous haute surveillance. Revenir au Japon n'est pas revenir à la liberté. Iura Arata, qui incarnait récemment un Mishima volubile dans 25 novembre 1970, le jour où Mishima a choisi son destin de Koji Wakamatsu, est presque muet dans Our Homeland. L'oppression dont parle la réalisatrice n'est pas circonscrite à Pyongyang, elle s'étend aussi au Japon, là où est la famille, et elle transforme les hommes, Yun Seong-ho devenu zombie. Our Homeland est en quelque sorte l'antithèse de Journals of Musan, drame cette fois centré sur les relations entre Corée du nord et Corée du sud, et qui partait de cette idée un peu naïve selon laquelle un mille-feuille de drames faisait un drame fort. Yang Yonghi ne fait pas dans l'accumulation mais plutôt dans la soustraction. La maladie reste au second plan, les péripéties sont rares, et l'on disparaît plus tôt que prévu. La retenue dont fait preuve la cinéaste met en valeur le nerf de son sujet, et aboutit à de très belles scènes comme la vraie-fausse séparation entre deux anciens amants qui se retrouvent, leurs projets laissés en plan.

par Nicolas Bardot

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