Long Story Short

Long Story Short
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Long Story Short
États-Unis, 2016
De Natalie Bookchin
Durée : 45m
Note FilmDeCulte : *****-
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« Ce que c’est de vivre avec des ressources limitées » : avec pudeur mais bien en face, la centaine d’interviewés que Natalie Bookchin a filmés en Californie dans des soupes populaires, des foyers ou des centres d’alphabétisation racontent la pauvreté aux États-Unis, les façons de vivre avec et, peut-être, de s’en sortir.

HISTOIRES D'AMÉRIQUE

En anglais, "to make a long story short" signifie "en gros", "pour faire bref". Long Story Short, qui vient de remporter le Grand Prix du Festival Cinéma du Réel 2016, est réalisé par l'artiste américaine Natalie Bookchin. Son concept est très particulier : une centaine d'intervenants (des femmes et hommes pauvres, rencontrés dans des foyers ou des centres d’alphabétisation) parlent de leur expérience, face caméra ; ces images sont montées en un split-screen par la cinéaste, qui met en perspective l'universalité des expériences tout en mettant en valeur leur singularité. C'est un dispositif que l'artiste a d'une certaine manière initié sur de précédentes installations (Testament, Now he’s out in public and everyone can see) et qu'elle prolonge ici dans ce moyen métrage de 45 minutes. Le dispositif passionnant de Long Story Short installe un dialogue qui n'existe que par le montage des images. Certains récits se recoupent, les voix posées l'une sur l'autre disent la même chose comme dans une sorte de chœur antique transposé dans des centres d'accueil de Californie.

L'une des forces de Long Story Short est que la réalisatrice ne perd jamais de vue l'intimité, la personnalité des gens à qui elle s'adresse. Ces mêmes personnes qui, pourtant, se sentent parfaitement invisibles. L'accumulation des portraits à l'image pourrait les fondre dans une masse indistincte : pourtant, chaque voix ici compte. En creux, Long Story Short raconte ce qu'un homme désigne comme l'american nightmare, tandis qu'une femme explique en quoi l'argent est devenu la nouvelle forme d'esclavage dans le pays. Il n'y a jamais de condescendance ou de bienveillance toute molle dans le regard de Bookchin, et celle-ci parvient à trouver le ton juste pour laisser de la place aux aspirations de ses interlocuteurs et à ce qu'ils aiment dans la vie. Même si l'on est persuadé ici que cette situation indigne tue l'âme à petit feu.

par Nicolas Bardot

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