Les Quatre fantastiques : premiers pas

The Fantastic Four : First Steps
États-Unis, 2025
Musique : Michael Giacchino
Durée : 1h55
Sortie : 23/07/2025






Avec pour toile de fond un monde rétro-futuriste inspiré des années 1960, “ Les 4 Fantastiques : Premiers pas ” de Marvel Studios présente la première Famille Marvel : Reed Richards/M. Fantastique, Sue Storm/La Femme Invisible, Johnny Storm/La Torche Humaine et Ben Grimm/La Chose alors qu'ils affrontent leur plus grand défi.
LES DESTRUCTIBLES
Décidément, cette licence est maudite. Malgré le niveau standard désormais médiocre des films de l'univers Marvel, malgré un casting pas forcément convaincant sur le papier et une bande-annonce générique, il y avait ce thème de Michael Giacchino, avec les chœurs scandant le nom de l'équipe, qui laissait entendre un film vaguement conscient de soi, du moins conscient du statut de la "Première Famille Marvel", et donc potentiellement ludique. Après tout, cette nouvelle adaptation de la BD, la quatrième à recommencer à zéro, fait justement le choix de ne pas tout reprendre depuis le début, son statut de troisième reboot lui permettant, comme pour le Superman sorti ce même mois, de se passer de l'origin story et de piocher dans l'imagerie Silver Age des comics. Mais là où le film de James Gunn allait sans doute trop loin, celui-ci reste incroyablement timide. Et surtout peu inspiré. Il y a bien la FantastiCar et H.E.R.B.I.E. le robot, et Galactus n'est plus un nuage mais ce bon vieux géant au design signé Jack Kirby, et le choix de situer l'action sur une autre Terre du Multivers, où New York est une ville futuriste, un peu comme ses memes "le monde si xxxx n'existait pas", et où les Quatre Fantastiques sont des super-stars avec leurs propres séries TV, émissions, céréales, etc., était vaguement prometteur dans le potentiel de réflexion sur l'image du super-héros. Il me semblait même y avoir, comme pour Deadpool & Wolverine et Thunderbolts, une certaine dimension méta : l'équipe est une marque, tous les yeux du monde sont focalisés sur eux, vont-ils crouler sous le poids des attentes?
Mais le film n'en fait pas grand chose. A vrai dire, il ne fait pas grand chose de quoi que ce soit. Dans la décision de rejouer l'histoire de Galactus et du Surfer d'argent, il y a la volonté de corriger les erreurs de la version de 2007 mais il n'est pas sûr que celle-ci soit vraiment plus réussie. L'enjeu choisi par cette nouvelle itération est carrément d'inspiration biblique - Galactus exigeant le sacrifice du bébé de Reed Richards et Sue Storm en échange de quoi il épargnera la Terre - faisant de l'intrigue l'histoire de l'Homme vs. Dieu, et il est par conséquent question de fin du monde imminente et...il n'y a aucun gravitas? Réalisateur de séries, et notamment parmi les plus prestigieuses (Six Feet Under, Mad Men, Game of Thrones, Succession), Matt Shakman n'est pas manchot mais le récit se précipite tellement qu'il n'a même pas le temps de laisser l'intensité naître d'images pourtant iconiques et imposantes. Il n'y a peut-être que la scène de l'accouchement qui surnage un peu et encore, quand on pense à la séquence similaire qui sert d'ouverture au Star Trek d'Abrams, y a pas photo.
Reed Richards est censé être l'homme le plus intelligent du monde mais le grand plan pour vaincre Galactus (qui est quand même un méchant ININTÉRESSANT en soi ici) est à la portée d'un enfant jouant avec ses figurines. Et même ce dernier ferait preuve davantage d'idées, ne serait-ce que dans l'action. Les pouvoirs de ces quatre héros ne sont pas les plus cinégéniques mais l'utilisation qui en est faite est tristement peu inventive. Sans s'attendre à du Brad Bird, il faut tout de même rappeler que Les Indestructibles, c'était il y a VINGT-ET-UN ANS. Si on ose le film de super-héros sans complexes, il ne faut pas simplement être fidèle dans le look, il faut aussi en exploiter les possibilités pleinement. Ici, Mr Fantastic se contente de grimper des immeubles en allongeant les membres ou d'appuyer sur un bouton à l'autre bout de la pièce. Pas très fantastique.
Si encore ces protagonistes avaient un arc...mais il n'en est rien. Le scénario semble vouloir développer quelque chose autour de la peur d'être parent mais c'est même pas que c'est pas cuit, c'est carrément qu'il manque la moitié des ingrédients. En refusant d'explorer une fois de plus le tourment de Ben sur son apparence rocheuse, on évite les clichés mais c'est remplacé...par rien? Alors leurs petites chamailleries avec Johnny sont amusantes, et c'est cool que ce dernier ne soit plus simplement un petit rigolo arrogant, mais il n'y a rien de très consistant vu que son rôle consiste à déchiffrer un message de la Surfeuse d'argent et de lui dire "c'est pas bien ce que tu fais" (et il n'en faudra évidemment pas plus pour que son personnage évolue hors champ). C'est pauvre en action, pauvre en dramaturgie, vaguement amusant...on est tenté de dire que ça ressemble à un Marvel de la Phase I mais ceux-ci réussissaient au moins la trajectoire de leurs personnages. A l'arrivée, on sauve la direction artistique Space Age et la BO de Giacchino qui s'amuse. Est-ce que Marvel croule sous le poids des attentes? On n'en attendait pourtant pas grand chose...