Le Jour d'après

Le Jour d'après
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Jour d'après (Le)
Corée du Sud, 2017
De Sang-Soo Hong
Scénario : Sang-Soo Hong
Avec : Min-Hee Kim
Durée : 1h32
Sortie : 07/06/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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Bongwan, directeur d'une maison d'édition, a trompé sa femme avec son employée. Au cours d'une journée, la lâcheté de Bongwan va provoquer les humiliations successives de chacune des femmes qui l’entourent...

CONTOURS DU JOUR QUI VIENT

« Chéri! » : sortant de chez lui au petit matin, Bongwan pense entendre sa femme le rappeler après une dispute intense. Tout laisse croire qu'il ne s'agit que du fruit de son imagination, tandis que cette dispute continue de lui trotter en tête. On est habitué aux jeux d'illusion chez Hong Sangsoo, aux mises en abîmes, au récit dans le récit et aux fantasmes qui questionnent le réel. Malgré ce début de film et cette hésitation qui plane dans la nuit, Le Jour d'après est plus épuré, plus direct que bon nombre des précédents films du cinéaste coréen. Il n'y a pas de jeu narratif dans ce long métrage apparemment plus simple, tourné en noir et blanc – cela n'empêche évidemment pas le réalisateur d'embrasser la complexité de ses personnages, de détourner les attentes du triangle amoureux et de livrer une de ces « fausses » miniatures comme il l'a déjà fait tant de fois.

Areum, incarnée avec toujours autant de grâce par Kim Min-Hee, questionne le héros sur ce en quoi il croit. « Je crois en ce monde », dit-elle, « Je crois que rien n'est vraiment grave ». Malgré les sanglots pathétiques de ses personnages souvent ivres, rien ne semble en effet jamais si grave dans le cinéma de Hong Sangsoo – sans qu'on ne sache si c'est vraiment le cas ou s'il s'agit d'une politesse. Le personnage d'Areum est le trésor de ce Jour d'après : c'est d'abord une pièce rapportée, une observatrice, quelqu'un qu'on prend littéralement pour une autre. Le cinéaste opère un glissement de point de vue à la fois cruel et amer – celle qui un temps s'est imaginée au centre de l'histoire est repoussée, balayée par la lâcheté et la médiocrité du héros - des défauts souvent inhérents aux personnages masculins dans le cinéma de Hong Sangsoo. Les humains chez Hong Sang-soo, les héroïnes surtout, sont à la fois uniques et bien peu de choses.

Cette fragilité est une merveille dans Le Jour d'après, ce que, comme on l'indique dans le film, l'on ne peut décrire avec des mots mais que l'on ressent. L'atmosphère nocturne, qui baigne l'essentiel du film. L'irruption presque magique de la neige, aussi émouvante que lors du dénouement de Un jour avec, un jour sans. Il y a chez Hong Sangsoo, et dans Le Jour d'après en particulier, cet art précieux de traiter avec une élégance douce-amère des désillusions, de la confusion des sentiments, et de ce pour quoi on vit.

par Nicolas Bardot

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