La Reine des neiges 2

La Reine des neiges 2
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Reine des neiges 2 (La)
Frozen 2
États-Unis, 2019
De Chris Buck, Jennifer Lee
Scénario : Jennifer Lee
Avec : Kristen Bell, Idina Menzel
Musique : Christophe Beck
Durée : 1h44
Sortie : 20/11/2019
Note FilmDeCulte : *****-
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Pourquoi Elsa est-elle née avec des pouvoirs magiques ? La jeune fille rêve de l’apprendre, mais la réponse met son royaume en danger. Avec l’aide d’Anna, Kristoff, Olaf et Sven, Elsa entreprend un voyage aussi périlleux qu’extraordinaire. Dans La Reine des neiges, Elsa craignait que ses pouvoirs ne menacent le monde. Dans La Reine des neiges 2, elle espère qu’ils seront assez puissants pour le sauver…

THEY DID NOT LIVE HAPPILY EVER AFTER

Il y a encore quelques années, en dépit de ses démarches les plus commerciales, Disney s'était toujours refusé à faire une suite cinématographique d'un de leurs classiques. Ce genre d'exercice, sans doute considéré comme une désacralisation, était confié aux animateurs de leurs séries télévisées et réservé au marché vidéo. Toutefois, depuis peu, la Souris a franchi le cap, comme tout le monde. Si un film relativement inconséquent comme Les Mondes de Ralph a eu droit à une suite, il était inévitable que La Reine des neiges, sans doute le plus culte des films d'animation Disney récents (et films d'animation tout court d'ailleurs), passe à la casserole également. Si l'on utilise un terme aussi péjoratif c'est parce que le premier film était un succès insoupçonné et qu'il allait être difficile de réussir à réitérer la formule magique. Néanmoins, dirigé par la même équipe créative, ce deuxième volet relève le défi non sans bravoure et le film ne reproduit pas l'exploit, il n'en demeure pas moins une ambitieuse réussite. Troquant le conte de fée pour la fantasy, La Reine des neiges 2 perd un peu en charme et en surprise mais pas en émotion, osant aborder la notion de l'impermanence des choses.

En 2013, La Reine des neiges proposait une subversion des codes du genre qui arrivait comme une réponse à des années de films d'animation Disney. L'idée d'une princesse épousant le premier homme venu était dénoncée comme relevant de la folie, la figure même du Prince Charmant était remise en question, un twist le révélant comme le véritable méchant du film tandis que la méchante désignée, Elsa, chantait sa libération comme un coming out (un sous-texte si populaire que de nombreux fans réclamaient que le personnage soit officiellement lesbienne dans la suite) et que la véritable histoire d'amour au cœur du film était sororale. Si le second chapitre n'offre pas un tel détournement des stéréotypes et archétypes, il s'attaque tout de même frontalement à l'adage "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" en évoquant d'emblée la peur du changement qui hante chacun des personnages. Même Olaf.

En lieu et place du motif de la porte fermée qui revenait régulièrement dans le récit du premier film et jusque dans les paroles des chansons, c'est le principe de l'inconstance qui préoccupe nos héros cette fois-ci. Tous craignent de voir leur beau statut quo de conte de fées disparaître, être perturbé par l'évolution naturelle des choses. Suis-je destinée à autre chose, ailleurs? Mon couple est-il solide? Vais-je mourir? Après le discours progressiste de son prédécesseur, La Reine des neiges 2, qui s'adresse à un public-cible qui a grandi entre les deux films, prend davantage la forme du bildungsroman, apprenant aux enfants la nécessité de grandir, d'être indépendants et plus précisément d'évoluer pour se trouver.

Bien évidemment, tout cela est traité avec légèreté mais non sans gravitas, passant souvent par le biais des chansons et, comme dans les meilleures comédies musicales, les chansons servent l'histoire en permettant aux personnages de laisser parler, enfin chanter, leurs émotions avec emphase. Tout à tour, les numéros musicaux se font puissamment entraînant (Into the Unknown) ou carrément émouvant (Show Yourself) et même les plus amusants (When I Am Older) voire parodiques (Lost in the Woods qui rend hommage autant à Stephen Sondheim qu'aux ballades rock FM) ont du sens lié aux explorations thématiques du film. Réparties de façons plus équilibrée que dans le précédent volet, les chansons rythment ce film d'aventures visuellement splendide qui, s'il ne parvient à pas à se hisser au niveau de l'original, parvient à le revisiter et à le prolonger de façon intéressante.

par Robert Hospyan

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