La Nuit a dévoré le monde

La Nuit a dévoré le monde
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Nuit a dévoré le monde (La)
France, 2018
De Dominique Rocher
Durée : 1h33
Sortie : 07/03/2018
Note FilmDeCulte : ****--
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En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s'organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?

OK IL N'Y AVAIT RIEN A FAIRE, OK DANS CETTE VILLE ÉTRANGÈRE

Si le fantastique est le genre de l'allégorie par excellence, le zombie est l'une de ses figures les plus métaphoriques – et volontiers politiques à l'image bien sûr des morts-vivants de Romero. La Nuit a dévoré le monde, premier long métrage du Français Dominique Rocher, est pourtant plus centré sur son protagoniste humain, visiblement le seul survivant d'une infection et attaque massive de zombies. Le film n'est pas là pour faire peur et d'ailleurs aucun des choix de mise en scène ne va en ce sens. Rocher joue assez bien sur ce vide soudain, l'atmosphère silencieuse, l'économie de dialogues ; une austérité risquée mais on salue un jeune cinéaste qui sait éviter les pièges plombants de l'explication à tout prix.

C'est en laissant des vides et des creux que le réalisateur réserve une place aux interprétations. Il y a le récit tel qu'on le voit à l'écran et son parti-pris réaliste, un kit de survie de tous les jours qui est à l'opposé d'un Je suis une légende avec Will Smith. Il y a le réel, mais aussi ses reflets. Ici, un être humain qui semble déjà émotionnellement seul parmi tous les autres lors d'une scène de fête. Là, un être humain seul dans la grande ville où chacun pourtant vit l'un à côté de l'autre. Là encore, une lymphatisme général, où la nouvelle normalité est la mort cérébrale et l'apathie (politique?).

Il y a quelques années, on avait pu voir Le Mur invisible, adaptation littéraire comme cette Nuit, et qui relatait le récit intérieur d'un personnage subitement seul au monde. Cette adaptation, trop occupée à accompagner en permanence le spectateur, était un ratage total – et Rocher, ici, parvient mieux, grâce à quelques bons choix, à explorer la psychologie de ce protagoniste face au gouffre. Il y a quelque chose de très contemporain dans ces étonnants choix de casting (le Norvégien Anders Danielsen Lie, révélation des films de Joachim Trier, et Golshifteh Farahani, vue entre autres chez Farhadi et Jarmusch) qui rendent plus vibrant encore ce récit de survie. Si le film ne maintient pas toujours la tension, si son dénouement n'est pas l'élément le plus satisfaisant, Rocher propose aussi quelques idées formelles (comme cette séquence dans un nuage de fumée entre autres visions apocalyptiques) qui prouvent, même dans la retenue, qu'il a plutôt de la ressource.

par Nicolas Bardot

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