L’Un contre l’autre

L’Un contre l’autre
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Un contre l’autre (L')
Gegenüber
Allemagne, 2007
De Jan Bonny
Scénario : Jan Bonny, Christina Ebelt
Avec : Susanne Bormann, Matthias Brandt, Wotan Wilke Möhring, Victoria Trauttmansdorff
Photo : Bernhard Keller
Durée : 1h36
Sortie : 30/04/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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Georg est un policier dévoué, très apprécié par ses collègues. Il est aussi admiré pour l'harmonie apparente du couple qu'il forme avec Anne. Mais cette façade soigneusement entretenue cache une autre réalité : leur vie conjugale est un désastre. Anne, exaspérée par la faiblesse de son mari et par la médiocrité générale de sa vie, est devenue violente, et son mari encaisse les coups au nom d'un amour indéfectible.

COUP DE SANG

Premier film signé par un jeune Allemand de 29 ans, L’Un contre l’autre bénéficie déjà d’un regard mature et complexe porté sur un sujet qui reste tabou. Le portrait psychologique de Georg est sans cesse enrichi de nuances, carpette apparente face à une épouse désespérée qui le dévore, mais figure forte dans une barque qu’elle s’entête à vouloir faire chavirer, serpillière indigne et humiliée lorsqu’elle le met à terre pour le frapper, mais menton haut lorsqu’il doit, lors d’une scène improbable, poireauter sur le palier. Bonny observe ses hauts remparts, prêts à vaciller (face à ses collègues, surtout), mais qui tiennent bon. Car le faible ici, est finalement le plus fort, l’image paradoxalement protectrice du couple répondant aux puérils et désarmés « C’est pour te faire réagir » de sa femme par de maladroits « Ce n’est pas un drame », une façon de maintenir le contrôle lors de crises de rage intenables d’une épouse désolée par la médiocre vie qu’elle mène. Lui, devant la porte, finit par la rassurer, lui disant qu’elle n’a pas besoin de tout « ça ».

Bonny offre d’autres perspectives à l’image bétonnée de la virilité, collègue vigoureux qui se pisse dessus lors d’interventions, héros faux héros et commissaire inapte puisque battu par Momone, et même fiston dont l’abandon des études, comme une disgrâce, est dissimulé. L’Un contre l’autre, dans un dernier assaut de cruauté, fait rejaillir l’humiliation du foyer conjugal à la place publique, où l’incompréhension générale face à cette virilité bafouée passe par un rejet violent. Principale qualité de ce premier long métrage: Jan Bonny aurait mille occasions de grimper sur sa chaise d’arbitre de tennis et saisir sa grosse règle de professeur, mais il ne le fait pas, et ne juge jamais la situation d’enfermement tragique d’un couple, lui policier, elle institutrice, « épines dorsales de la société » dixit le réalisateur, avec toutes les règles morales qu’elles impliquent, dont l’affrontement renversé ne traduit que l’impasse.

par Nicolas Bardot

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