Jurassic world

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Jurassic World
États-Unis, 2015
De Colin Trevorrow
Avec : Vincent D'Onofrio, Bryce Dallas Howard, Chris Pratt
Photo : John Schwartzman
Musique : Michael Giacchino
Durée : 2h05
Sortie : 10/06/2015
Note FilmDeCulte : **----
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L'Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création de la scientifique Claire Dearing, sème la terreur dans le fameux parc d'attraction. Les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent alors sur le dresseur de raptors Owen Grady...

MIRAPOLIS

Dans les années 70, Steven Spielberg et George Lucas ont "réhaussé" le statut de la série B en leur donnant le budget, le savoir-faire et la profondeur que leurs modèles n'avaient pas forcément et, les films ayant cartonné, la visage du cinéma hollywoodien en sortit définitivement changé. Soudain, Les Dents de la mer et Star Wars, blockbusters inattendus, devinrent les modèles à suivre. D'aucuns blâment d'ailleurs les deux cinéastes pour ce que le cinéma US est devenu aujourd'hui. Avec Jurassic Park, Spielberg nous refaisait la même chose, anoblissant une pure série B avec un sens du merveilleux et une richesse thématique et, une fois de plus, une maîtrise sans pareille des mécaniques propres au genre. Mais il n'a pas réussi son tour de magie pour le deuxième épisode. Dès The Lost World, le merveilleux a disparu, la saga n'a plus rien à raconter et les films se contentent d'être des récits prétextes à retourner sur l'île pour enquiller les set-pieces avec des dinosaures. Quand ceux-ci sont aussi jouissifs que dans The Lost World, que Spielberg semble n'avoir tourné que pour quelques séquences (la caravane, San Diego) ou plans (les hautes herbes, la cascade de sang), ça passe encore, mais quand ils font figure de pâle copie (globalement toutes les scènes de Jurassic Park III à l'exception de la très bonne séquence de la volière),on se dit que la franchise est clairement revenue au niveau du tout-venant de la série B. Et plus ça va, plus la série sombre là-dedans. Et si Jurassic World n'est pas de la série Z, on est presque dans de la série C.

Ce tardif quatrième opus fait des efforts pour renouer avec l'esprit du premier film mais Colin Trevorrow, choix étrange suite à son premier long au fantastique mumblecore peu enthousiasmant, peine à retrouver l'émerveillement de jadis, et ce malgré les protagonistes enfants ou même l'intensité des attaques de dinos. La faute à un manque de build up pour chaque scène, cette construction nécessaire qu'on a visiblement perdu dans les blockbusters d'aujourd'hui - les Transformers sont assez symptomatiques de cet effet - tant et si bien qu'on en vient à revoir le Godzilla de Gareth Edwards à la hausse car ce dernier savait au moins comment faire monter la sauce, comment filmer les monstres et les attaques, comment mettre en scène quoi. Ici, on est de toute façon devant le blockbuster-type du XXIè siècle, avec son calibrage sur-visible notamment dans l'abondance de personnages grossièrement caractérisés. L'inversion des rôles de l'original (l'homme devenait la nourrice, la femme devenait physique) est plus progressiste que cette dynamique de couple qui veut renouer avec la screwball comedy des '40s mais s'avère juste ringarde. Chacun a son moment de gloire, sa petite blague et, éventuellement, sa mort marquante. Sauf qu'aucune ne l'est vraiment.

Et c'est là le principal problème de Jurassic World, rempli de scènes d'action mais manquant clairement de morceaux de bravoure mémorables. Si l'on excepte la séquence de la gyrosphère, qui renouvelle un peu dans le concept l'attaque de la jeep du film de 93, et la scène des ptérodactyles, seul moment où l'écriture et la mise en scène font durer un peu le calvaire dans un sadisme assez jubilatoire, l'action s'avère assez redondante. Que le scénario doive s'embarrasser de blabla navrant (la romance torchée entre les persos de Pratt et Howard, le futur divorce, évoqué "pour la forme", des parents des deux gamins héros), soit. Mais donnez-nous quelque chose à nous mettre sous la dent le reste du temps... Le film est souvent "correct", et globalement moyen tout le long, mais les vingt dernières minutes poussent la vulgarité de l'ensemble un peu trop loin dans l'anthropomorphisme ridicule et la surenchère "il y a toujours un plus gros poisson".

En fait, on a l'impression de voir un film de Renny Harlin. Pas le Renny Harlin en mode copiste potable de Die Hard 2 mais le Renny Harlin en mode hommage foireux de Peur bleue. Outre le ressort scénaristique déjà pas folichon de "l'animal génétiquement manipulé qui part en vrille", qui sert de raccourci à chaque fois qu'il faut justifier un rebondissement pas crédible (en gros, toutes les 15 minutes, on a droit à "ah mais c'est parce qu'il y avait aussi de l'ADN de [insérez ici un animal justifiant un rebondissement] dans celui de l'hybride!"), c'est l'esprit général qui rappelle le film de Harlin. Toutefois, celui-ci avait le mérite d'assumer davantage sa nature de quasi-film d'exploitation là où Jurassic World, avec son mignon propos anti-capitaliste, se rêve quand même digne héritier de l'original, constamment cité en fan service, quitte à chier vulgairement sur un personnage tertiaire d'il y a 20 ans. Si l'on est dur avec ce film jamais lamentable et juste un peu trop fonctionnel, c'est parce que l'on attendait autre chose que Les Dents de la mer 3D...qui avait au moins le mérite d'être involontairement drôle.

par Robert Hospyan

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