Jurassic World Renaissance

Jurassic World Renaissance
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Jurassic World Renaissance
Jurassic World Rebirth
États-Unis, 2025
De Gareth Edwards
Scénario : David Koepp
Avec : Mahershala Ali, Rupert Friend, Scarlett Johansson
Photo : John Mathieson
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 2h14
Sortie : 04/07/2025
Note FilmDeCulte : ****--
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Cinq ans après JURASSIC WORLD : LE MONDE D’APRÈS, l’environnement de la planète s’est révélé hostile pour la plupart des dinosaures. Ceux qui subsistent vivent dans des zones équatoriales isolées, aux conditions proches de celles de leur ère d’origine. Parmi ces créatures terrifiantes, trois spécimens renferment peut-être la clé d’un remède capable de changer le destin de l’humanité.

WHEN DINOSAURS RULED THE EARTH

Quand fut annoncé cet énième épisode d'une franchise qu'on aurait dû laisser éteinte au même titre que ses créatures, je regrettais, en bon puriste, que le titre de la seconde trilogie soit devenu la nouvelle marque de la saga. Le cinéphile toqué que je suis aurait même apprécié que ce premier tome d'une probable nouvelle série de film ait sa propre nomenclature, genre Jurassic Land or something. Au vu du résultat, ce titre s'avère approprié au défi relevé David Koepp, scénariste des deux chapitres signés Spielberg appelé à la rescousse, et Gareth Edwards, sans doute avec J.J. Abrams l'autre héritier du style du maître. En un sens, ils réussissent tout ce qu'entreprenait Colin Trevorrow sur son aberrante trilogie, notamment dans la surenchère et la dimension métafilmique, et viennent laver la licence des mutations qui lui avaient été infligées.

La manipulation génétique réside évidemment à la base de la saga Jurassic Park mais en cherchant à proposer un discours sur le cahier des charges hollywoodien, l'architecte de la précédente trilogie imaginait des Indominus Rex et Indoraptor et autres sauterelles géantes (?), redoublant également d'inutiles antagonistes humains à la caractérisation de plus en plus caricaturale, la vulgarité remplaçant la pureté de l'original. On peut reconnaître à Trevorrow d'avoir voulu se renouveler en changeant de décor mais il s'est perdu en route. En choisissant de situer l'action sur une nouvelle île abritant le laboratoire où ont été abandonnés les expériences ratées d'InGen, Koepp offre un commentaire sur ces créations "conçues pour impressionner le public mais désagréable à regarder", pour reprendre textuellement une réplique du film. Ce retour à un environnement sauvage et exotique permet donc de renouer avec l'efficacité de la formule initiale en se doublant d'une dimension méta : on va sur cette île mais c'est pas eux qu'on est venu voir. Les personnages sont venus traquer trois bêtes en particulier pour recueillir des échantillons et n'ont qu'un temps réduit pour le faire après le naufrage de leur bateau. Le scénariste ajoute donc à la nécessité de survivre inhérente à la saga un McGuffin et un ticking timebomb, conférant une propulsion narrative bienvenue au récit qui met tout de même un petit moment à démarrer mais confine intelligemment le blabla au premier tiers. Par la suite, le film peut donner libre cours à ce qu'a toujours été la série et ce sur quoi on la juge in fine : des confrontations entre humains et dinosaures reliées par un prétexte. Et c'est que Gareth Edwards brille.

En s'attaquant à Jurassic Park, le metteur en scène trouve un terrain de jeu propice au contraste d'échelles propre à son cinéma. Ce n'est pas un hasard si les trois bêtes en question sont le Mosasaure, le Titanosaure et le Quetzalcoatl, autrement dit les trois plus gros dinosaures de chaque environnement : marin, terrestre et aérien. L'esthétique d'Edwards est une esthétique du gigantisme. Il aime placer l'humain face à l'immense, le rendant toujours tout petit face aux forces (de la nature souvent) qui le dépassent, insufflant de l'humilité à son spectacle. Une approche appropriée à une saga qui ne cesse d'illustrer comme l'Homme est impuissant face à la nature, comment life finds a way. Il arrive même, pour la première fois depuis le premier film, à jouer la partition du merveilleux (avec encore deux mastodontes qui se font des papouilles, comme dans Monsters et Godzilla). La prépondérance de protagonistes "d'action" dans la saga depuis quatre films est déplorable. Owen Grady (Chris Pratt) avait beau être davantage un "comportementaliste" qu'un garde-chasse, on était loin des scientifiques du premier film. Sans retrouver une galerie de personnages attachants comme ceux de Michael Crichton, Koepp rend au moins l'arc de sa mercenaire au contact du seul scientifique du film pertinent. Schématique, notamment en ce qui concerne le "débat" éthique cousue de fil narratif blanc, mais lié à cette notion d'humilité, qui agit par conséquent là aussi comme une correction de trajectoire : cette saga n'appartient pas aux personnages avec des flingues. On aurait pu se passer de la famille obligatoire avec ce faux conflit en préfabriqué entre le père et le mec de sa fille mais ils ont la meilleure scène du film.

Oui parce que c'est bien beau le sous-texte mais que vaut l'action? A l'exception d'une scène où Edwards commet l'erreur de trop vouloir rendre hommage à la séquence de la cuisine de l'original, le cinéaste propose pas mal de set-pieces inédits, notamment tous ceux qui se déroulent sur l'eau, vraiment trippants (mention spéciale à la scène du canot, bien tendue). Jurassic World Renaissance est un vrai film d'aventures dans l'esprit de la première trilogie, où Edwards cite encore Les Dents de la mer mais aussi un peu d'E.T. et d'Indiana Jones (et le papa de Jurassic Park aka le King Kong de 1933), et signe le meilleur volet de la saga depuis Spielberg.

par Robert Hospyan

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