Festival de Gérardmer: Housewife

Festival de Gérardmer: Housewife
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Housewife
Turquie, 2017
De Can Evrenol
Durée : 1h22
Note FilmDeCulte : ------
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À sept ans, la jeune Holly a vu sa petite sœur et son père se faire assassiner par sa propre mère. Vingt ans plus tard, Holly porte encore en elle les séquelles de ce traumatisme, et n’arrive pas toujours à discerner la réalité du cauchemar, lorsqu’un psychiatre renommé se présente à elle...

C'EST EN FAISANT N'IMPORTE QUOI QU'ON DEVIENT N'IMPORTE QUI

Découvert il y a trois ans avec Baskin, un film d'horreur qui, pardonnez-nous, nous avait fait le même effet qu'un seau d'eau de Javel jeté dans les yeux, le réalisateur turc Can Evrenol revient avec ce second film intitulé Housewife. L'univers semble cette fois-ci bien différent : une héroïne après le cast très viril de Baskin, et Dario Argento comme l'une des influences revendiquées. Las, hormis quelques projecteurs rouges et bleus, d'Argento, le film a surtout les allures de ses derniers thrillers ringards et involontairement comiques. Après un prologue assez réussi et visuellement séduisant, Housewife se rapproche davantage des téléfilms Hollywood Night des 90s que des maîtres italiens que le cinéaste cite en interview.

Le problème à nos yeux dans Housewife reste finalement le même que dans Baskin : le point de départ du récit ne débouche jamais ailleurs que dans le mur en béton de l’esbroufe, où la prétendue liberté narrative est censée maquiller l'absence de direction et une écriture d'une paresse abyssale (le trauma de l'héroïne qui a la phobie des toilettes et des landeaux à la supérette vaut son pesant de cacahuètes en matière d'écriture de personnage). Dans Baskin, le réalisateur ne connaissait que la surenchère sanglante pour donner l'impression de signer un film d'horreur, un vrai. Ici, après des scènes qui font déjà lever les yeux (dont un threesome amené et filmé comme un vieux fantasme beauf), Housewife est simplement en roue libre, n'a plus aucune sorte de sens (explication commode : c'est la logique d'un rêve), jusqu'à ce dénouement d'une bêtise nanardesque à faire perdre ses cheveux (mention spéciale à une scène d'agression sexuelle où l'angle de caméra est choisi pour que les spectateurs n'en perdent pas une miette – puisque visiblement c'est supposé être un spectacle excitant). On a pu voir à Gérardmer, avec Ghostland de Laugier, que signer des films extrêmes n'était pas synonyme d'incontinence sans queue ni tête. Avec Baskin puis cet Housewife, Can Evrenol a en tout cas une autre conception du cinéma.

par Nicolas Bardot

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