Himizu

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Himizu
Japon, 2011
De Sono Sion
Scénario : Sono Sion
Avec : Fumi Nikaido, Shota Sometani
Durée : 2h09
Note FilmDeCulte : ******
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Deux adolescents tourmentés dans le Japon post-tsunami s'embarquent dans une spirale de violence...

JOURS DE COLÈRE

Après ses récents Cold Fish et Guilty of Romance, le Japonais Sono Sion complète son portrait de famille avec Himizu. Cold Fish comme Guilty of Romance saccageaient quelques images d’Épinal nippones: le premier questionnait le rôle du père de famille et la place du viril, le second se penchait sur le sort de la femme japonaise, de l'épouse soumise à la maîtresse femme. Sono Sion n'y va jamais avec le dos de la cuillère, mais ses farces portent, au-delà de leur outrance, un regard acéré sur des hommes et des femmes d'aujourd'hui. Himizu s'intéresse cette fois aux enfants, et est plus que jamais en prise avec notre monde: la catastrophe traversée par le Japon en mars dernier est au centre du récit.

Je connais tout, hormis moi-même. Les jeunes ados de Himizu s'en remettent aux vers de François Villon, un bond dans le temps qui ne fait pas peur à Sono Sion dont les narrations sont toujours aussi aventureuses, de ruptures de ton en labyrinthes du récit. Sumida, gueule blafarde de Robert Pattinson nippon, vient d'une famille détruite. Les ruines autour de Fukushima, ce sont également celles de son cœur et de sa colère. Du désastre est née une pulsion de mort: Sumida rêve que sur les ruines, il trouve une arme pour se tuer. Dans une société écrasante de conformisme, quel avenir pour le jeune garçon ? Sumida mène un combat: en lutte contre l'effacement progressif (noyé dans l'eau, recouvert de terre dans une tombe creusée pour un autre), il se badigeonne de couleurs et devient une tache multicolore dans la ville japonaise, une tache qui hurle et qui court. Comme dans Cold Fish et Guilty..., Himizu raconte des personnages en lutte contre ce que la société attend d'eux. Le professeur, en classe, attend que ses élèves, comme tout Japonais, se lèvent face au désastre. Et ceux qui ne le peuvent pas ? Ou ne le souhaitent plus ? Comment devenir libre, trouver son identité propre dans un tel marasme, national ou familial ? Sono Sion n'offre pas de réponse réconfortante, privilégie la claque à la caresse, mais pourtant, parfois, le bonheur est esquissé, au moins imaginé.

L'ombre poète, punk et contestataire de Koji Wakamatsu planait déjà sur les précédentes œuvres furieuses de Sono Sion, lui-même poète. Le cinéaste poursuit le geste avec ce chant désespéré qui tourne au hurlement. Himizu est probablement son œuvre la plus émouvante. On sait déjà qu'on oubliera pas de sitôt les derniers instants de ce grand film. Trouvera t-il enfin la place qu'il mérite dans les salles françaises ?

par Nicolas Bardot

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