Seule la terre

Seule la terre
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Seule la terre
God's Own Country
Royaume-Uni, 2017
De Francis Lee
Scénario : Francis Lee
Durée : 1h44
Sortie : 06/12/2017
Note FilmDeCulte : ****--
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Un jeune éleveur de moutons noie ses frustrations quotidiennes dans l’alcool et tente de les oublier par des relations sexuelles occasionnelles, jusqu’à l’arrivée d’un migrant roumain engagé pour la période d’agnelage...

JOURNAL DE CAMPAGNE

Accompagné d'un bon buzz de Sundance où il a remporté le prix de la mise en scène, Seule la terre (God's Own Country) est le premier long métrage du Britannique Francis Lee (lire notre entretien). Seule la terre a ceci de particulier qu'il s'agit d'un film à la fois très classique... et assez surprenant. A première vue, on croit avoir affaire à ces films gays dits de coming out comme on en voyait dans les années 90. Mais le héros est gay, on le sait, il semble lui aussi le savoir, même si être gay dans une ferme du Yorkshire pourrait à lui seul être un sujet de cinéma queer des 90s.

Le vrai sujet est ailleurs. Seule la terre raconte certes la difficulté de s'assumer dans un tel milieu - mais il raconte surtout l'apprentissage, à l'image de Moonlight ou des Initiés, d'une autre masculinité. Ici, l'apprentissage des sentiments, de l'amour, de la tendresse, qui tranche avec les premières scènes de baise doloriste et brutale à côté des pissotières. On ne voit pas tant que ça ce genre de scènes d'amour (notamment une scène de sexe où les amants ne s’emboîtent pas aussi promptement que des Lego) et c'est ce qui rend vivant ce film qui, à partir d'éléments archétypaux, évite la formule.

La caméra est au plus près des personnages, avec une forme classique qui met en valeur la subtilité de l'écriture. Lee évite toutes les lourdeurs redoutées concernant les personnages secondaires. Il y a, dans ce décor âpre, une tendresse qu'on n'avait pas vue venir. Ce même mélange de tendre et de (relative) crudité pour dépeindre la relation amoureuse, tout comme le quotidien fermier : ses veilles autour d'un Bolino, sa manipulation des petits chevreaux, ses pintes de bières enquillées au pub. Francis Lee réussit un film attachant, grand public dans le meilleur sens du terme.

par Nicolas Bardot

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