Glass

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Glass
États-Unis, 2019
De M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Avec : Samuel L. Jackson, James McAvoy, Sarah Paulson, Anya Taylor-Joy, Bruce Willis
Photo : Mike Gioulakis
Durée : 2h09
Sortie : 16/01/2019
Note FilmDeCulte : ***---
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Peu de temps après les événements relatés dans Split, David Dunn - l’homme incassable - poursuit sa traque de La Bête, surnom donné à Kevin Crumb depuis qu’on le sait capable d’endosser 23 personnalités différentes. De son côté, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre Elijah Price suscite à nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes…

VERRE À MOITIÉ VIDE

Cela fait à peu près dix ans qu'on le sait mais il suffit de revoir Incassable pour se rendre à l'évidence : ce Shyamalan-là est mort. Le metteur en scène qui signait cette longue introduction en un plan regardant l'échange tristement humain entre deux passagers d'un train à travers l'interstice entre deux fauteuils ou ce long plan-séquence sur un simple dialogue touchant entre une mère et son fils handicapé dans le reflet d'une vieille télévision, le cinéaste qui avait cette sobriété, cette retenue, il n'existe plus. Pour être tout à fait honnête, il œuvrait autrefois dans le drame fantastique et a opté depuis peu pour le thriller de série B. Le souci, c'est qu'il a hérité du meilleur et du pire de la série B. Ainsi, à l'instar de Split, Glass démarre sur un postulat original, particulièrement bien vu et même encore plus audacieux et rigoureux que celui du précédent épisode, le huis-clos étant maintenu presque tout le long cette fois : trois personnages qui ont des super-pouvoirs sont enfermés dans un asile par une spécialiste des gens qui se prennent pour des super-héros.

Dans un premier temps, l'accroche est prometteuse et il est intéressant de voir le film proposer un miroir d'Incassable où l'on suivait un personnage essayer de convaincre un autre que ce dernier avait des super-pouvoirs. Ici, c'est l'inverse : la psychiatre essaie de convaincre les trois protagonistes qu'ils n'en ont pas. Le pitch en soi est intrigant, permettant à Shyamalan d'explorer une fois de plus la notion de foi, de foi en soi, d'appel à la foi, mais s'avère encore plus pertinent parce que Shyamalan semble renvoyer à son propre cinéma, celui d'un homme qui s'est spécialisé dans l'ancrage du fantastique dans un quotidien palpable, notamment avec Incassable justement. Dans Glass, il diégétise cette démarche en la poussant vers une rationalisation à l'extrême...sauf que l'on n'y croit jamais vraiment. Shyamalan n'est pas le cinéaste de l’ambiguïté mais justement de la foi, de la sincérité. Très vite, le film révèle ses limites et l'on réalise très vite que c'est à peu près tout ce que le film a à proposer en termes de réflexion et qu'il étire le récit jusqu'à ce que cela devienne lassant et répétitif et, finalement, vulgaire.

Glass porte le nom d'un personnage qui fait quasiment de la figuration tout le long mais dès qu'il entre en action, on regrette finalement qu'il ne soit pas resté inactif. Parce qu'entre les raccourcis scénaristiques - le coup de l'opération risque de faire rire longtemps - et l'explication de texte à CHAQUE RÉPLIQUE, l'écriture du personnage se fait régulièrement embarrassante. Point de déconstruction maligne ou de véritable réflexion méta ici. Là où Incassable proposait réellement une approche post-moderne et avant-garde - on était en 2000, c'est aussi pourquoi certains dialogues didactiques passaient mieux - dans sa focalisation sur le premier tiers d'une origin story, ancrée dans le réel, Glass est un film où chaque réplique de l'expert en comics commence par "Dans les comics, c'est là que..." avant de citer un cliché connu du spectateur le plus néophyte et qui n'est même pas propre aux comics... La double fin, dont les bonnes idées souffrent d'une exécution grossière et ridicule, achève de donner l'impression d'une redite et même d'une régression. Encore une déception frustrante de la part de Shyamalan, qui ne réalise juste plus comme avant et devrait surtout arrêter d'écrire seul.

par Robert Hospyan

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