Fruitvale Station

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Fruitvale Station
États-Unis, 2013
De Ryan Coogler
Scénario : Ryan Coogler
Durée : 1h30
Sortie : 01/01/2014
Note FilmDeCulte : ***---
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Le 1er janvier 2009 au matin, Oscar Grant, 22 ans, croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale, San Francisco. Cette rencontre va transformer un inconnu en fait divers. Le film raconte les vingt quatre heures qui ont précédé cette rencontre.

FOR YOUR CONSIDERATION

A l’origine de Fruitvale Station (lauréat à Sundance cette année), il y a un fait divers survenu en 2009 à Oakland, Californie. Une affaire de brutalité policière survenue dans une station de métro, dont l’une des particularités est d’avoir été filmée par de nombreux témoins. Une vidéo tournée par l’un de ces témoins à l’aide de son portable ouvre d’ailleurs le long-métrage, laissant augurer d’un traitement réaliste et frontal sans concession. Fausse piste. Fruitvale Station est au contraire un film indépendant américain classique et même fort sage. Photo agréable, personnages sympathiques et convivialité bon enfant… tout est ici facilement digérable et assimilable. Presque trop. Le scénario cherche tellement à montrer que son héros n’est pas un mauvais bougre qu’il tombe dans l’excès inverse en en faisant quelqu’un de presque irréprochable : il a bien des défauts mais même quand elle s’énerve, sa copine le trouve irrésistible, ses jours de prisons ne sont plus qu’un lointain flashback, il s’est fait virer mais c’était forcément injuste, toute source de tension sérieuse avec sa famille appartient à un passé à peine évoqué, la violence est toujours hors-champ… Bref à force de vouloir nous mettre Oscar dans la poche, à force de respect pour la véritable victime de cette histoire, le scénario finit par en faire un personnage irréaliste à la Tintin (il va jusqu’à sauver un chien d’un accident, sans que cela ait un quelconque rapport avec l’intrigue), mais surtout trop lisse et superficiellement écrit pour émouvoir directement.

Ce côté lisse est clairement la limite du film, qui manque trop de personnalité pour se hisser au niveau de précédents films de Sundance présentés à Cannes (Les Bêtes du sud sauvage, Blue Valentine, Martha Marcy May Marlene…). Comme si Fruitvale Station n’avait pas d’autre ambition que d’être une simple reconstitution. Mais paradoxalement, cette « propreté » est aussi son atout : le film est suffisamment solide et carré (et bien rythmé), sans putasserie outrancière, pour pouvoir pressentir un cheminement jusqu’aux Oscar. Soutien de la Weinstein Company, citations d’Oprah dans le texte, scène de larmichette pour la déjà oscarisée Octavia Spencer, et un héros au nom de statuette… on dirait d’ailleurs que le film fait presque tout pour ! Si la mise en scène est le plus souvent anonyme, elle reste efficace et réserve tout de même une ou deux scènes qui se démarquent. La seule faute de goût dans ce package tout de même honnêtement présenté se situe après la fin du long métrage. La tarte à la crème des films inspirés de faits divers n’est hélas pas évitée, et on a bel et bien droit dans le générique à la photo du vrai Oscar. Pire, on a même droit à une vidéo de sa vraie fillette en train de pleurer en gros plan, comme si tout le film lui-même cherchait à tout prix à nous mettre le doigt dans l’œil pour nous faire pleurer. C’est vraiment l’inverse de retomber sur ses pattes.

par Gregory Coutaut

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