Captives

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Captives
Captive (The)
Canada, 2014
De Atom Egoyan
Avec : Ryan Reynolds
Durée : 1h52
Sortie : 07/01/2015
Note FilmDeCulte : **----
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8 ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublants semblent indiquer qu'elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d'élucider le mystère de sa disparition.

LA ROUTE MAITRISEE

On ne choquera pas grand monde en disant que le réalisateur canadien Atom Egoyan s’était un peu perdu ces dernières années, avec ses castings de stars et ses remakes improbables. A tel point qu’il avait même perdu le chemin de la Croisette. Or il y a d’emblée une double familiarité dans son dernier long-métrage. D’abord celle des codes du genre auquel il appartient, le thriller-de vengeance-mélodramatique-sous-la-neige (à prononcer en un seul mot s’il vous plait), pratiquement devenu une catégorie de film à elle toute seul. Mais également celle des symboles chers à Egoyan, cinéaste du point de vue : les écrans, les caméras de surveillance, le jeu du chat et de la souris entre qui mate et qui se laisse voir. Alors ce retour à Cannes est-il un retour en forme ? La structure narrative éclatée, alternant les flash-backs et les perspectives des personnages, offre un souvenir un peu émoussé de ses grands films des années 90. Emoussé car ce type de structure, redevenue très à la mode il y a dix ans, n’a plus rien d’original, et d’autre part car les pièces du puzzle s’assemblent ici sans grand mystère, presque trop facilement. « Je suis tellement bonne que je n’ai pas besoin d’un gimmick superflu » se vante en boucle une fillette sur ses patins à glace. La répétition de cette phrase-clé vient surligner avec une ironie cruelle et suicidaire l’inutilité de ce « truc » scénaristique en forme de poudre aux yeux.

Sur le papier, la double familiarité citée plus haut a de quoi apporter au film un confort certain, et de fait, Captives est un film incroyablement facile à voir, un thriller qui a tout l’air d’être habilement troussé. Mais à force d’être maitrisée, la route scénaristique finit vite par bercer plutôt que fasciner. Captives est un film sans accroc et sans surprise, lisse mais sans éclat. Un film noir où la violence est toujours laissée hors-champ, où l’âme humaine n’est jamais aussi sombre qu’elle le pourrait (on imagine d’ici ce qu’un Coréen aurait fait de cette histoire), où le puzzle scénaristique, tellement affairé à ne pas lâcher la main du spectateur, ne crée jamais de suspens ou d’émotion. Pire : le scénario s’essouffle à l’approche du dénouement, en bifurquant au dernier moment vers une intrigue secondaire sortie d’un chapeau. Les interprètes, eux aussi particulièrement lisses depuis le début, se vautrent alors dans des facilités gênantes. Si vous avez aimé la camériste sournoise de Grace de Monaco, vous apprécierez cette femme fatale sortie d’un clip d’eurodance, ou ce méchant qui surjoue le désordre psychiatrique comme si on était dans un dessin aimé. Ne pas ennuyer le spectateur c’est bien, mais ce n’est pas un exploit. Ce n’est en tout cas pas une qualité suffisante pour rendre Captives abouti. Et encore moins pour justifier sa sélection en compétition cette année.

par Gregory Coutaut

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