L'Attrape-rêves

L'Attrape-rêves
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Attrape-rêves (L')
Aloft
Pérou, 2014
De Claudia Llosa
Scénario : Claudia Llosa
Avec : Jennifer Connelly, Mélanie Laurent
Durée : 1h52
Sortie : 26/10/2016
Note FilmDeCulte : ------
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À Nunavut, dans le Grand Nord canadien, Nana Kunning consulte un guérisseur pour l'un de ses fils. Cette rencontre va bouleverser le cours de son existence. Vingt ans plus tard, son fils aîné part sur les traces de sa mère, accompagné d'une journaliste française. Nana est devenue guérisseuse aux confins du Cercle polaire...

DE L'AIR

Le nom de la réalisatrice Claudia Llosa ne vous dit peut être rien de prime abord mais elle fait pourtant partie de la très courte liste de réalisatrices ayant reçu la distinction suprême dans un grand festival international. C'était ici même à la Berlinale, il y a cinq ans, qu'elle remportait un Ours d'or inattendu avec le drame péruvien Fausta. La revoici en compétition aux commandes cette fois d´une production internationale, tournée en plusieurs langues avec un casting hétéroclite. Au minimalisme aride de Fausta répond ici un éclatement identitaire (d'où vient ce film d'une réalisatrice péruvienne tourné dans le grand nord en partie en français avec des acteurs britanniques ?) et une apparente amplitude du récit. Attention, le mot clé dans la phrase précédente est "apparente". Car si l'aridité citée plus haut a effectivement disparu, son pendant pénible, la stérilité, empèse chacune des longues minutes de L'Attrape-rêves.

Le récit de L'Attrape-rêves est comme une grosse pelote de laine que l'on démêlerait au fur et à mesure. Ce qui est une formule polie pour dire que le film est en fait quasiment incompréhensible jusqu'au dénouement. A l'inverse de la générositė attendue, les indices narratifs ne sont donnés qu'avec une parcimonie presque pingre. Il faut un certain temps par exemple pour réaliser que le film mélange les époques et alterne les flash-backs, que les enfants aperçus ici sont les adultes vus dans d'autres scènes, etc. Tous les films n'ont certes pas besoin d'être aussi limpide qu'un épisode de sitcom. Mais loin de créer du mystère ou de l'émotion, chaque scène vient ici contredire, annuler et alourdir la précédente en formant un magma énigmatique et particulièrement étouffant. Des idées intéressantes semblent émerger à travers ce brouillard (cette femme a t-elle vraiment guéri un mal-voyant rien qu'en le touchant? A quoi sert cette étrange sculpture géante que l'on ne peut toucher qu'en passant un test ?) mais elles disparaissent aussitôt, comme des mirages subliminaux et frustrants.

Présenté plus tôt dans le cadre de la compétition, Blind Massage de Lou Ye avançait lui aussi bille en tête avec un récit foisonnant et parfois confus, mais celui-ci était transcendé par une mise en scène bouleversante. La mise en scène de Llosa ne fait rien naitre, accentue au contraire la privation d'oxygène d'un film où il n'y a aucune place pour que les personnages s'épanouissent, aucune place pour que naisse l'émotion, et surtout aucune place pour le spectateur. Vingt minutes avant la fin, le robinet se débouche enfin et les éléments narratifs nécessités depuis le début sont enfin donnés. Le propos enfin dévoilé laisse entrevoir le récit intéressant qui aurait pu en naitre (s'il avait vraiment été traité), mais cela n'efface pas le caractère assommant de tout ce qui a précédé. D'autant plus que le final, à coup de grandes crises de larmes et de scènes show-off de révélations familiales faites la mâchoire tremblante, tombe dans les pires clichés de jeu hollywoodien. C'est la cerise étouffe-chrétien sur un gâteau lui même boursouflé. De l'air svp!

L'Oursomètre : Lors de la projection de presse, les spectateurs étaient soit endormis, soit en train de chercher la sortie. L'Ours d'or accordé à Fausta était déjà à nos yeux d'une générosité disproportionnée, inutile d'encourager cette fois un geste cinématographique aussi pesant et maladroit.

par Gregory Coutaut

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