Festival de Gérardmer 2015: le bilan !

Festival de Gérardmer 2015: le bilan !

La 22e édition du Festival de Gérardmer s’est achevée. Quels ont été les temps forts et les tendances du cru 2015 ? FilmDeCulte fait le bilan.

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Le cru 2014 du Festival de Gérardmer s’était achevé par un beau vainqueur, Miss Zombie, malheureusement resté inédit dans les salles françaises. Ce problème ne se posera pas en 2015, avec le sacre de It Follows qui arrive dans nos salles ce mercredi. On en a parlé avec Bruno Barde lors de notre entretien : présenter des films audacieux, hors normes, et donc plus difficiles à sortir en salles comme le long métrage de Sabu est une des raisons d’être du festival (surtout à l’heure où la plupart des films de genre intéressants ne sortent pas dans les salles françaises). Mais il est important également que le festival ne soit pas qu’un robinet à DTV, qu’il ne se marginalise pas et qu’il continue à mettre en lumière des films que le public pourra voir au cinéma. On n’imagine pas que la distribution de It Follows mercredi soit énorme, et on sait déjà que l’espace promotionnel dans les médias sera principalement dédié à la grosse sortie US de la semaine, la comédie française et éventuellement l’étiquette auteur – pas vraiment au film d’horreur. Qu’on parle beaucoup du palmarès de Gérardmer permet de beaucoup parler de It Follows, et c’est un levier qui a évidemment son utilité.

It Follows, qui a fait l’unanimité à la rédaction (une gageure), est une perle : on vous le dit depuis des mois. Parmi les autres films à retenir dans la compétition, citons deux premiers longs métrages. Les Autrichiens Veronika Franz et Severin Fiala signent avec Goodnight Mommy un conte horrifique doté d’un grand sens de l’étrange, du merveilleux, et visuellement puissant. Le film devrait arriver au printemps dans les salles françaises. L’Américaine Leigh Janiak réalise avec Honeymoon un film d’horreur culotté, à mi-chemin entre le minimalisme glauque d’un épisode oublié de X-Files et la farce féministe mordante – un réjouissant mélange de styles. Autres films à signaler : une confirmation et un retour. Carter Smith s’était distingué il y a quelques années avec Les Ruines. Il confirme avec le fantomatique Jamie Marks is Dead et son horreur sensible où le surnaturel, comme dans It Follows et Goodnight Mommy, offre une autre dimension (viscérale et poétique) au réel. Après deux films plus oubliables, la réalisatrice de Persépolis, Marjane Satrapi, revient avec une horrible comédie, The Voices. C’est certes le long métrage qui a suscité le plus grand écart d’avis à la rédaction, mais c’est aussi celui qui a reçu l’accueil le plus chaleureux du public à Gérardmer. Enthousiasme plus poli pour le néanmoins solide Ex Machina, retour mitigé sur The Man in the Orange Jacket, relative indifférence envers The Signal et These Final Hours tandis que le balourd Cub est le seul à avoir fait l’unanimité contre lui.

7 films anglo-saxons sur 10 films en compétition : la variété était un peu moins au programme cette année. En 2014, sur 34 films présentés en compétition et hors compétition, 19 étaient anglo-saxons, soit 55%. Cette année, 21 sur 30, soit 70%. La diversité est un vrai point fort de Gérardmer où le fantastique n’est pas destiné qu’à un public de fanboys. Évidemment, deux films américains comme It Follows et The Signal sont très différents. Mais, à l’image de notre discussion l’an passé avec Hédi Zardi au sujet du renouvellement du point de vue apporté par certaines réalisatrices (et, contrairement à la caricature faite de ce sujet, on ne parle pas de sujets exclusivement masculins ou exclusivement féminins), avoir des films de partout dans le monde enrichit le point de vue sur le genre. L’Asie était quasi-absente cette année quand certains films anglo-saxons très génériques étaient là sans qu’on ne sache vraiment pourquoi. On sait que certains films hors du moule narratif d’efficacité à l’anglo-saxonne sont systématiquement mal accueillis par une partie du public (et de la presse !) qui préfèrent revoir ad nauseam le même film. Mais cette diversité est une qualité précieuse du festival qu’on espère mieux remise en avant l’an prochain.

Un mot enfin sur trois films particulièrement remarqués hors compétition. Réalité de Quentin Dupieux est certainement le meilleur film de son auteur. Jonathan Lambert et Elodie Bouchez expliquaient sur scène que la présence de cet ovni il y a quelques jours au Festival de l'Alpe d'Huez avait décontenancé, ce qu’on peut aisément comprendre dans ce royaume flippant de la comédie industrielle formatée pour le prime de TF1 ou des chaînes de la TNT. Réalité, qui en est l’antithèse, avait au contraire sa place à Gérardmer avec son sens du surréalisme et son étrangeté barge – il serait dommage de réduire le geste audacieux de Dupieux à une pose hipster (boite bien commode pour y ranger ce à quoi on ne veut pas réfléchir). Le Néo-Zélandais What We Do in the Shadows, documenteur sur un groupe de vampires, apporte autant de soin à son horreur qu’à sa comédie. Le résultat est jubilatoire. Enfin, belle surprise en clôture avec le noirissime The Mirror (Oculus), film d’horreur avec une réelle virtuosité narrative, aux antipodes de l’horreur mainstream américaine. Trois films qui ont déjoué les attentes, et c'est ce qu'on espère à chaque fois qu'on entre en salles, à Gérardmer comme ailleurs...

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par Nicolas Bardot

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