Naomi Watts

Naomi Watts
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Actrice
Australie
  • Naomi Watts
  • Naomi Watts

Naomi Watts fait partie des invités d'honneur à l'édition 2011 du Festival de Deauville. De ses débuts discrets à son parcours indé, en passant par l'explosion Lynch, portrait de l'actrice australienne.

HOLLYWOOD DREAM

Naomi Watts nait en Angleterre en 1968, mais passe son enfance et son adolescence en Australie. Très tôt attirée par le monde du spectacle, elle enchaine les cours de théâtre et rencontre sa future meilleure amie Nicole Kidman lors d’un casting d’une pub pour les bikinis. Elles partagent l’affiche de Flirting, l’un des innombrables films restés totalement inconnus qui jalonnent alors la carrière de Naomi. Pubs, séries télés, nanars (Les Enfants du maïs IV)… elle enchaine les projets sans envergure en rêvant déjà d’une grande carrière américaine. « J’étais très naïve en arrivant à Hollywood. Je pensais que tout allait m’arriver tout de suite. Je me suis donné cinq ans, pas plus, et finalement ça en a pris dix.». On la remarque en brune coincée dans le cartoonesque Tank Girl, où elle roule une pelle à l’héroïne, mais c’est un autre roulage de pelle avec une fille qui va la rendre célèbre.

A DARK STAR IS BORN

Naomi Watts n’entre peut-être pas dans l’univers de Lynch par la petite porte, mais presque. Elle auditionne pour jouer l’un des rôles principaux de ce qui n’est à la base qu’un projet de série, Mulholland Drive. Le réalisateur est important, mais ce n’est par pour autant la gloire assurée (qui se rappelle aujourd’hui des filmographies des acteurs de Twin Peaks ?). La suite de l’histoire est aujourd’hui connue : la série tombe à l’eau, devient un film, passe devant les yeux de monde cinéphile à Cannes, et tout le monde découvre sa performance hallucinante. Elle y joue Diane/Betty, une jeune actrice ratée pleine d’ambition, face à une diva de l’écran, mais alors qu’aujourd’hui Laura Helena Harring semble ironiquement avoir du mal a donner une suite à sa carrière, le rêve de Betty semble s’être réalisé dans la vie de Naomi. Au cours de la décennie, Lynch a fait d’ailleurs régulièrement appel à elle. Elle joue dans un clip de son groupe Blue Bob, il la déguise en rongeur pour des épisodes de sa série Rabbits, « rôle » qu’elle reprendra d’ailleurs dans son long-métrage suivant Inland Empire. Sur le tournage de Mulholland Drive, Naomi retrouve Scott Coofey, acteur récurrent de Lynch qu’elle avait croisé sur le tournage de Tank Girl, et qui écrit pour elle Ellie Parker, un court métrage qui finit par devenir un étrange long, tourné sur plusieurs année, dans lequel son personnage d’actrice ratée ambitieuse fait justement écho à son rôle de Diane (c’est d’ailleurs l’unique intérêt – limité - du film). Elle produit le film, et n’hésite pas à s’enlaidir de manière assez masochiste, à se montrer sous un jour assez peu flatteur.

Gregory Coutaut

LA DOUBLE VIE DE NAOMI

Mulholland Dr a eu beau estomaquer la critique et faire naitre un culte quasi-instantané, le chef d’œuvre de Lynch n’a pas pour autant atteint un score digne des blockbusters au box-office et Naomi Watts avait alors tout à prouver en terme de rentabilité. Ce qui sera assez vite fait : The Ring, remake d’un autre film culte, le Ring japonais de Nakata, sort l’année d’après Mulholland Dr et rapporte 250 millions de dollars dans le monde pour 48 millions de budget. Watts, qui incarne chez Lynch une héroïne à deux visages, l’un réel et l’autre fantasmé, semble alors, consciemment ou non, mettre sa carrière sous le signe du double. Qu’il s’agisse de remakes, comme ce Ring très habilement adapté pour le public américain, ou plus tard, de façon encore plus poussée, avec la copie conforme de Funny Games dirigée par Michael Haneke lui-même. Mulholland Dr jouait sur toute une mythologie du cinéma, sur ses égéries, leurs crépuscules et leurs illusions – comme un prolongement, Naomi Watts devient la réincarnation de Fay Wray dans le King Kong ressuscité par Peter Jackson, et devrait reprendre le rôle de Tippi Hedren dans un remake à venir des Oiseaux. Comme une évidence de la voir en blonde rétro et hitchcockienne, comme si le fantôme du Hollywood brisé de Mulholland Dr planait encore ici ou là.

DECLARE INDEPENDENCE

En parallèle de sa carrière plus commerciale, Naomi Watts a orienté ses choix vers des projets indépendants, traçant une ligne d’exigence assez rigoureuse dans toutes les strates du cinéma indépendant américain, qu’il s’agisse d’indé nostalgique lorgnant vers les modèles 70’s (The Assassination of Richard Nixon) ou au contraire d’indé plus post-moderne et farfelu (J’adore Huckabees). Deux seconds rôles mais les vaches maigres des années 90 sont loin et ses décisions, depuis la révélation Lynch, ne semblent plus guidées par la nécessité et les films alimentaires. A l’image de son amie Nicole Kidman, Watts n’hésite pas à jeter un œil hors d’Hollywood, trouvant son autre grand rôle chez un Mexicain qui signe son premier film américain, Alejandro Gonzalez Inarritu, en mère à l’existence cabossée dans 21 grammes. Naomi Watts reçoit sa première nomination aux Oscars, elle qui avait été inexplicablement snobée en 2002 (année où la récompense fut bradée à… Halle Berry). Depuis, de Cronenberg à Woody Allen, Naomi poursuit son chemin vers des auteurs hauts de gamme, loin du cinéma congelé et prêt-à-avaler.

Nicolas Bardot

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires