Festival de Gérardmer 2014: le bilan !

Festival de Gérardmer 2014: le bilan !

La 21e édition du Festival de Gérardmer s’est achevée. Quels ont été les temps forts et les tendances du cru 2014 ? FilmDeCulte fait le bilan.

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LE GENRE DANS TOUS SES GENRES

Avec Miss Zombie, le jury présidé par Jan Kounen a récompensé un film qui caractérise bien l’excitante et courageuse ligne éditoriale du festival observée ces dernières années : audacieuse, chercheuse et volontiers radicale. Gérardmer, ce n’est pas que ça. Mais c’est aussi ça. Du cinéma qui donne à ressentir et à penser, loin de l’image assez désastreuse du genre en France, souvent considéré comme secondaire voire honteux pour des distributeurs qui ont peur que leurs films soient étiquetés « films fantastiques »… même quand ils le sont. Miss Zombie, conte féministe et punk sur lequel plane le fantôme de Wakamatsu, délivre un propos fort par une mise en scène flamboyante. Les partis-pris sont radicaux et le film est fait pour diviser. Mais on remercie encore une fois le festival de refuser le consensus mou et le fan-service à tout prix.

Gérardmer c’est ça et tout autre chose. On a, par exemple, beaucoup ri cette année au festival. Le fantastique a habillé beaucoup de comédies ou de films drôles. L’araignée gloutonne de Big Ass Spider réalisé par Mike Mendez, réalisateur du délirant Le Couvent. Les témoignages perchés et pourtant attachants qu’on entend dans L’Autre monde. Le tueur de Discopathe rendu fou par la musique disco, des chansons disco de Plastic Bertrand ou pire encore : du disco québécois. Ou encore Sharknado, bombe à eau potache où les requins se mettent à voler.

Une bonne partie de la sélection était dédiée, peut-être plus encore qu’avec Miss Zombie, à un cinéma hors des sentiers battus. Le labyrinthe de Coherence est sans pareil et donne immédiatement envie de voir ce que son téméraire réalisateur pourra raconter ensuite. Le duo Cattet/Forzani flirte toujours avec l’expérimental en signant L’Etrange couleur des larmes de ton corps, film imparfait mais à l’ambition folle. Citons également Halley, film de zombie qui ne dit pas son nom et qui évoque parfois le cinéma de son producteur, Carlos Reygadas. Ou encore, évidemment, le pari le plus osé du festival : Métamorphoses, film aux portes de l’art vidéo et qui abat un mur de plus dans la définition du fantastique proposée chaque année par le festival.

Hélène Cattet, Marina de Van, Jennifer Kent, Shanti Masud, Xan Cassavetes ou encore Sandy Seneschal dans la section courts métrages : on aura rarement vu autant de réalisatrices sélectionnées à Gérardmer, dans un genre où les femmes sont peut-être encore plus rares qu’ailleurs. Lorsque nous interrogions Hédi Zardi à ce sujet, celui-ci indiquait que les réalisatrices apportent le renouvellement d’un point de vue. Un homme raconterait-il de la même façon les thèmes de Dark Touch, de The Babadook, de Kiss of the Damned ? Peut-être ? Certainement ? Pourquoi pas ? En attendant, aucun de ces films n’a été réalisé par un homme. Dans un genre qui est celui de la transgression, il est important d’avoir un festival qui veille à la diversité. C’était le cas cette année. Il a été d’autant plus étonnant alors de voir sélectionnés, ici ou là, des contre-exemples avec des films aussi misogynes que Almost Human (et ses viols de meuf bien fendards), Ablations (et ses potiches qui passent leur temps à geindre autour de l’homme debout) et Tombville (de loin le pire film du festival).

La catégorie reine, celle de la compétition, a été d’un haut niveau cette année, dense et presque sans fausse note. Parmi la rédaction, seuls Ablations et, dans une moindre mesure, Last Days on Mars ont déçu. Rigor Mortis a divisé. Les 5 autres longs métrages ont globalement réuni les suffrages. Dark Touch confirme le statut atypique de Marina de Van, qui parvient à surprendre… mais pas de la façon dont on s’attendait à être surpris, avec son ténébreux cauchemar d’enfance. We Are What We Are de Jim Mickle, conte cannibale sur le fondamentalisme religieux, vient démentir la malédiction des remakes inutiles en déplaçant avec talent les thèmes à peine esquissés par Somos lo que hay. The Sacrament renouvelle les espoirs mis en la personne de Ti West avec un thriller barbare plongé dans l’enfer d’une secte. Avec The Babadook, l’Australienne Jennifer Kent a frôlé la possibilité d’être la première réalisatrice lauréate du Grand Prix. Son drame horrifique qui évite à peu près toutes les redites du film d’horreur à maman en panique n’aurait pas volé la récompense suprême. Enfin, en tête, Miss Zombie dont on vous a déjà dit le plus grand bien et qui émeut comme une tâche de couleur qui se répand sur une image en noir et blanc.

Hormis Sabu (lire notre entretien), qui reste néanmoins totalement méconnu en France, tous ces films sont l’œuvre de cinéastes jeunes. C’était aussi ce qui rend le festival enthousiasmant : alors que certains spectateurs ou commentateurs ont le regard bloqué sur le passé du genre, Gérardmer continue à regarder droit devant.

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par Nicolas Bardot

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