Jude Law

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Depuis quelques années, on a convoqué les clichés glacés pour capturer l'homme Jude Law. Invoqué les Beatles, fait mentir Thomas Hardy, loué mille fois l'impensable beauté. Law l'acteur, lui, travaille aux contours d'un personnage dont le dessin s'affirme pour noircir sa singularité.

ENFANT TERRIBLE

C’est au coeur des années 80, sur les planches d'un théâtre pour enfants, que prend place la deuxième naissance du jeune Jude, 12 ans après la date indiquée par la carte d'identité. Malgré des parents enseignants, l'école n'est guère qu'une courte étape, "un travail à mi-temps" selon les dires du garçon, du temps perdu pour celui qui préférerait croquer le jour à s'en faire saigner les gencives. Il quitte les griffes de ses murs clos pour se jeter dans les bras du jeu à 17 ans, qu'importe s'il s'agit d'embrasser le soap (Families) où il se sent ni plus ni moins que "prostitué". La virginité, il la retrouve dans son apparat le plus strict. Il monte sur scène et se met à nu au propre comme au figuré dans une adaptation des Parents terribles de Jean Cocteau. Puis vient le grand écran, pour la première fois: Shopping (1993) de Paul Anderson (rien à voir avec les magnolias mais plutôt avec Monsieur Milla). De l'anonymat du tournage naît la rencontre de Sean Pertwee et Sadie Frost. Avec cette dernière, il se mariera, aura trois enfants, avant de se séparer. Avec les deux, plus son ami d'enfance Jonny Lee Miller et son partenaire d'audition, Ewan McGregor, il montera une boite de production cinématographique, Natural Nylon, qui accouchera d'une filiale théâtrale, Nylon Theater. Dernière pièce du puzzle Law, le premier pied posé en Amérique, avec I Love you, I Love you not (1996). La mécanique à la noire porcelaine est désormais lancée. Et si l'acteur pourra s'en énerver dans un embarras mal contrôlé, son physique taille à la serpe, au-delà de la joliesse des photos, une grande partie de son utilisation en tant que comédien.

A TON IMAGE

L'exploitation de Jude Law est poussée au point de dépasser le stade de simple fantasme féminin pour atteindre celui de l'idéal masculin - avec ce que cela implique de connotations homosexuelles. Avec Wilde (1996), il incarne l'amant du poète et n'est encore que l'ombre du génie. Il s'agit d'une première pierre jalonnant un chemin qui le mènera au gigolo gay et bon marché dont on se débarrasse comme on peut dans Minuit dans le jardin du bien et du mal de Clint Eastwood (1997) au toy boy dernier cri au plastique magnifié dans AI de Steven Spielberg (2001). Entre les extrêmes, deux films qui installent la mythologie du personnage: Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol (1997), où il est l'homme génétiquement parfait, même blessé et cloué à un fauteuil roulant, ainsi que Le Talentueux Mr Ripley de Anthony Minghella (2000), où il campe un garçon aux origines aisées et au physique irradiant. Dans ces deux films, face à lui, le reflet raté, le double inacceptable. Ethan Hawke est génétiquement déficient, et s'approprie la perfection de Law pour accrocher les étoiles. Matt Damon est le camarade falot, fou amoureux de celui qu'il finira par tuer pour lui voler son identité, faute d'avoir pu partager un lien plus charnel. La gémellité entre les deux films est troublante, et n'offre qu'une alternative à la beauté surnaturelle: brûler au purgatoire ou s'enfoncer dans de sombres eaux. L'idéal est un être insupportable pour l’œil humain chaviré par le lumineux objet du désir. Les différents scintillements de ce dernier se confondent alors en un seul homme pris entre deux mondes.

DEAD OR ALIVE

Dans Existenz de David Cronenberg (1998), l'ambiguité Law se noue. L'homme est équipé en bas des reins d'une prise permettant à Jennifer Jason Leigh de le pénétrer pour mettre en marche sa console. Jude Law androgyne est créature de l'entre-deux, visage de dieu et fantasme de chair, eau de vie et ange de mort. Il incarne en ce sens un étrange vampire reptilien fidèle à la La Sagesse des crocodiles de Po-Chih Leong (1999), suceur de sang au charme magnétique, être pris dans le claquement de portes entre les deux mondes. Dans Les Sentiers de la perdition de Sam Mendes (2002), Law se fait ange exterminateur, emprisonnant la vie de ses victimes dans ses appareils photographiques. Enfin dans Retour à Cold Mountain, il est un fantôme revenant de l'improbable bourbier de la guerre où la terre se fissure sous le feu des hommes, eux qui marchent sur leurs têtes et les écrasent dans la boue rougie par le sang. Jude Law est l'ombre au creux de la vallée enneigée, celle que les augures tourmentés annoncent entourée de corbeaux dans l'eau sombre et croupie d'un puit. Noir, définitivement noir. La perfection n'est pas de ce monde et doit forcement appartenir à l'autre. Pour s'en convaincre, voir la liste de ses films où il ne finit pas ad patres - une véritable peau de chagrin. Héros romantique comme figure exacerbée d'un certain idéal, mais également homme dont la vie affiche un prix si fragile.

PEINTURE DU DIVIN

Pour les réalisateurs, il y a plusieurs façons qui s'offrent pour capter la lumière renvoyée par l'acteur. Le travestir en un chauve boîteux à la dentition douteuse, comme a procédé Sam Mendes dans son stylé film de gangsters. Mais parfois, rien n'y fait, ainsi que l'accepte Jean-Jacques Annaud sur le tournage de Stalingrad (2000): "Nous avons tourné une scène de bataille avec 3.000 figurants, crottés de la tête aux pieds. Jude était au milieu du groupe, méconnaissable, et pourtant, on ne voyait que lui". Au-delà du pur constat physique, c'est un magnétisme surnaturel et un charisme lumineux qui caractérisent le jeu du comédien. Il reste parfois au metteur en scène béat d'admiration à magnifier son objet déjà bien-aimé par la caméra. Pour Anthony Minghella, qui s'était déjà livré deux fois à ce même exercice avant Par effraction, le rapport est nourri par une certaine ambiguïté: "J'ai une relation très étrange avec lui parce qu'il est l'image que je me fais de l'homme, le plus beau que j'aie vu de toute ma vie". Le sang de Dickie ou la terre d'Inman n'y peuvent donc rien, l'éclat du joyau demeure intact. A l'image du talent aveuglant de l'acteur qui, après être passé par la case Oscar pour la seconde fois grâce à Retour à Cold Mountain, enchaîne les projets d'envergure, d’une participation chez Scorsese à un rôle dans les expériences J’adore Huckabees ou Capitaine Sky et le monde de demain. Mais la plus belle promesse reste à venir: un My Blueberry Nights signé Wong Kar-Wai.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

2007 Sleuth 2007 My Blueberry Nights 2006 The Holiday 2006 Par effraction 2006 Les Fous du roi 2005 J’adore Huckabees 2005 Capitaine Sky et le monde de demain 2005 Closer 2005 Aviator 2004 Irrésistible Alfie 2004 Les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire 2003 Retour à Cold Mountain 2002 Les Sentiers de la perdition 2001 AI 2001 Stalingrad 1999 Le Talentueux Mr Ripley 1999 ExistenZ 1998 La Sagesse des crocodiles 1997 Minuit dans le jardin du bien et du mal 1997 Bienvenue à Gattaca 1997 Oscar Wilde 1996 I Love You, I Love You not 1994 Shopping

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